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Cambodge : des écoles pour former les guérisseurs

Au Cambodge, la médecine traditionnelle fait partie intégrante de la vie. Les patients y ont surtout recours pour les petits maux du quotidien. Afin de professionnaliser une pratique transmise depuis des générations par les anciens, une première école a été créée en 2009 puis d'autres ont suivi et formé 345 jeunes guérisseurs.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 23 mai 2013 : Huon Chom, professeur de médecine traditionnelle cambodgienne, et ses élèves dans la province de Kampot, à 140 km de la capitale Phnom Penh. (TANG CHHIN SOTHY / AFP )

Tremper un lézard dans du vinaigre pour soigner l’asthme, prescrire de l’alcool de riz à une femme enceinte et du durian, fruit nauséabond, pour les rhumatismes : voilà ce qu'on apprend dans ces écoles.
«Cette formation est plus professionnelle que ce que les élèves apprennent avec leurs ancêtres. On leur enseigne de nombreuses matières, comme la déontologie», explique Kong Sokdina, chef de projet pour CatMO, l'organisation de médecine traditionnelle qui gère la formation. 

«Guérir les plus pauvres»
«C'est bien d'avoir une formation comme celle-là car les professeurs nous enseignent les bonnes méthodes, sûres et pas dangereuses», se réjouit un étudiant. Un autre élève aspire quant à lui «promouvoir la médecine traditionnelle pour aider et guérir les plus pauvres parce que les gens à la campagne n'ont pas assez d'argent pour aller à l'hôpital ou voir un médecin».

Très populaires dans les zones rurales du royaume où vit 80% de la population, ces milliers de guérisseurs appelés Kru kmers permettent aux villageois de se soigner. Et même s’il existe hôpitaux et médecins à disposition, les soins sont trop onéreux. 

Les abords du marché Orussey, à Phnom Penh, regorgent d'échoppes de guérisseurs qui proposent plantes et animaux séchés, racines, écorces. «Je vends des plantes médicinales aux clients qui viennent chercher toutes sortes de remèdes. Certains veulent des plantes contre la fièvre, par exemple, je fais alors un mélange à partir de plusieurs racines», explique Tauch Sreythoeun venue s’installer après sa formation.


Durant les cinq mois de formation, les élèves se rendent régulièrement sur le terrain afin d'étudier les variétés de plantes aux effets cicatrisant, antibiotique et antiseptique. Pour leur voyage de fin d'étude, les professeurs ont emmené les étudiants dans la région de Kampot (sud).

«De père en fils»
Depuis des générations, les formules sont transmises le plus souvent de père en fils, et chacun les adapte un peu à sa façon. Des risques que l'école est là pour limiter. «Nous sommes venus pour montrer aux élèves les nombreuses plantes traditionnelles qui y sont encore préservées. On trouve des racines qui n'existent plus ailleurs», explique Ky Bouhang, professeur et président de l'Association des guérisseurs traditionnels cambodgiens.

Pour certains malades, la médecine traditionelle supplante la médecine moderne car, explique l'un d'eux qui consulte régulièrement, «les médicaments contiennent des substances chimiques et des produits contrefaits». Dans ce pays, on se méfie des pharmacies où les trafics sont courants et où les médicaments les plus puissants sont délivrés sans ordonnance. Ce qui fait les affaires des guérisseurs...

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