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Cambodge : danger pour le dauphin du Mékong

Le dauphin du Mékong, fleuve qui traverse notamment le Cambodge, est menacé. Principal risque pour ce mammifère de 90 - 150 kg et de 1,80 - 2,75 m : les filets dérivants. Le WWF parle d'une population arrivée à un stade critique.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Au nord de Pnom-Penh, la capitale du Cambodge, des habitants regardent un panneau mis en place par les autorités pour informer sur la protection des dauphins du Mékong. (TANG CHHIN SOTHY / AFP)

La correspondante de l’AFP, Michelle Fitzpatrick, raconte le difficile combat des autorités cambodgiennes face aux menaces qui pèsent sur cette espèce.
 
Les quelques bateaux de bois qui parcourent le fleuve à la rame dans la  province de Kratie, à l'est du Cambodge, témoignent des efforts de conservation entrepris pour sauver le mammifère d'eau douce si populaire.
              
Mais quelques kilomètres en amont, Pech Sokhan, un des 77 gardes qui  patrouillent sur la partie cambodgienne du Mékong, ne peut retenir un soupir en montrant un filet maillant retiré de l'eau deux jours plus tôt.
              
Malgré l'interdiction de ces filets considérés par les experts comme la  principale cause de mortalité des dauphins du Mékong adultes, les habitudes ont  la vie dure. «Nous devons éduquer les gens tous les jours», explique Pech.
     

Un dauphin dans les eaux du Mékong au Cambodge. (TANG CHHIN SOTHY / AFP)
         
Selon le gouvernement cambodgien, jusqu'à 180 de ces dauphins vivraient dans les eaux du Mékong. Mais ce chiffre est contesté par le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui estime la population à seulement 85.
              
En cause, une mortalité des petits inexplicablement élevée, la consanguinité, les maladies et la destruction de leur habitat, mais surtout les filets maillants, déployés verticalement pendant une longue période et conçus  pour que la tête des poissons reste coincée dans les mailles. Ils sont «la plus grande des menaces», estime Gordon Congdon, du WWF.

Zone de protection de 180 km
Les autorités ont donc créé en août une zone de protection de 180 km de long, de la ville de Kratie à la frontière laotienne. La pêche y reste autorisée mais certains outils, comme les filets maillants et les cages, sont interdits.
              
Les contrevenants ne risquent ni arrestation ni amende, juste la confiscation du matériel. Une punition suffisamment sévère pour ces familles pauvres, relève Touch Seang Tana, président de la commission gouvernementale de  conservation des dauphins et de développement de l'éco-tourisme.
              
Malgré tout, 8.000 mètres de filets maillants ont été saisis en quelques jours début décembre et deux dauphins ont été retrouvés morts enchevêtrés dans  des filets ces derniers mois, poursuit-il.

Le développement d'activités alternatives comme l'écotourisme est donc primordial pour sauver ces mammifères d'eau douce qui n'existent plus que dans  trois rivières dans le monde.
              


Le tourisme lié aux dauphins a attiré 30.000 visiteurs dans la région cette année, contre 20.000 en 2011 et seulement 50 en 2000, selon Touch. Et balades  en bateau et souvenirs génèrent des revenus non négligeables.

Mais tout le monde n'y trouve pas son compte et les filets meurtriers restent le meilleur moyen pour beaucoup de subvenir à leurs besoins. La bataille «sera sans fin jusqu'à ce que la pauvreté disparaisse», reconnaît Touch. «Les gens savent que les filets maillants tuent les dauphins (...). Mais ils pensent à leur propre estomac».
              
La WWF travaille avec le gouvernement et des ONG locales pour développer l'aquaculture, l'élevage ou l'écotourisme, avec des projets en place dans 37  villages.
              
Mais cela n'a pas bénéficié à Eam Mao, 55 ans, qui gagne un peu plus de 2  dollars par jour grâce à ses prises quotidiennes. «C'est beaucoup plus  difficile pour nous de gagner notre vie que pour ceux qui vivent près des dauphins», souligne le pêcheur, qui vit à quelques kilomètres au nord du  principal site d'observation du cétacé.
              
Malgré tout, Pech espère faire évoluer les mentalités. «Lorsque nous confisquons des filets maillants, les gens n'osent plus s'y opposer, parce  qu'ils savent que c'est illégal. Avant, ils pouvaient nous chasser avec des couteaux».

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