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Boom des créateurs de jeux vidéo dans la Silicon Valley du Pakistan

A l'ombre des monuments historiques de Lahore, une jeune génération de créateurs de jeux vidéo pour smartphones s'active dans des studios dernier cri. Ces jeunes geeks donnent un air de Californie à la capitale culturelle du Pakistan.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Waqar Azim, concepteur de jeux vidéo dans son bureau d'Islamabad, le 21 janvier 2014. (AFP/Farooq Naeem)

Atmosphère décontractée, open space, parité hommes-femmes : les nouvelles technologies ont le vent en poupe grâce à de jeunes entrepreneurs comme Babar Ahmed. Ce trentenaire a abandonné en 2006 sa carrière d'ingénieur à Austin, au Texas, pour fonder avec son frère Farez une start-up, Mindstorm, à Lahore. Leur studio compte 47 salariés et connaît des succès comme Wahcksy Taxi, propulsé au premier rang des jeux téléchargés dans les Appstores de 25 pays, Mafia farm et Cricket Power. «Le but était de mettre le Pakistan sur la carte de la planète jeux», explique-t-il à l'AFP.

La réalisation de jeux pour ordinateurs et consoles nécessite des millions de dollars et des dizaines de développeurs. L'avantage des jeux pour téléphone est financier : ils ont besoin de beaucoup moins de capitaux. 24.000 personnes travaillent au Pakistan dans le secteur des technologies de l'information destinées à l'exportation, ce qui comprend les jeux vidéo, mais aussi les logiciels pour la finance et les soins de santé.

Zahir, chef des opérations chez Tintash, une jeune boîte de Lahore à l'origine du jeu Fishing Frenzy, explique ainsi cette émergence des starts-up : «L'un des avantages du Pakistan tient à ce que nous avons une masse de personnes dotées de l'expertise, des aptitudes et d'un intérêt envers les logiciels et l'art, et qui peuvent combiner ces deux facettes». Un vivier essentiel pour l'industrie des jeux vidéos.

Une vingtaine de jeunes pianotent pendant des heures chez We R Play, une société fondée en 2010 par Moshin Ali Afzal et Wagar Azim. Affiches bariolées, doudous en peluche sur les ordinateurs, tout est conçu pour que les employés s'approprient leur lieu de travail. «Nous leur donnons même de l'argent pour qu'ils puissent décorer leur bureau», souligne Moshin, ancien étudiant de la prestigieuse université de Berkeley.

Garder une atmosphère de divertissement est au cœur des préoccupations de ces jeunes chefs d'entreprise. Chez CaramelTech, un studio de Lahore fondé en 2011 par les frères Saad et Ammar Zaeem, on trouve une salle de jeux, avec tables de billard, babyfoot et consoles X Box.

Outre cette volonté de ne pas se prendre au sérieux, les starts-up misent aussi sur la parité hommes-femmes. Une nouveauté dans un pays très conservateur et peu enclin au féminisme. Jeans moulants, tee-shirts ou hijabs, les styles se mélangent mais les jeunes femmes doivent encore convaincre leurs parents qu'elles font «un vrai travail». «Mes parents pensent que je joue toute la journée et que je ne fais rien», plaisante Saadia Zia, une jeune femme de 24 ans, chargée de détecter les bugs informatiques dans un studio de Lahore.

Mais malgré cette plongée dans les jeux, ils doivent tous jongler avec un quotidien peu réjouissant. Les coupures d'électricité, les menaces sécuritaires et la corruption endémique rythment les journées des ces jeunes geeks.



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