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Enquête sur le vol MH370 : "Si le débris appartient bien à cet avion, ce serait le début du deuil pour nous"

La Malaisie a affirmé, jeudi, que le fragment d'aile trouvé à La Réunion provient bien du Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparu en mars 2014. Mais Ghislain Wattrelos, qui a perdu sa femme et deux enfants dans le crash présumé, reste prudent.

Article rédigé par Vincent Daniel - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La police transporte le débris d'avion retrouvé à La Réunion, le 29 juillet 2015. (YANNICK PITOU / AFP)

L'une des plus grandes énigmes de l'aviation est-elle en passe d'être résolue ? "Aujourd'hui, 515 jours après la disparition de l'avion, c'est le cœur lourd que je dois vous annoncer qu'une équipe internationale d'experts a conclu que le débris trouvé sur l'île de La Réunion provient effectivement du vol MH370." C'est ce qu'a déclaré, jeudi 6 août, le Premier ministre malaisienPlus prudent, le parquet de Paris, qui enquête aussi sur cette disparition car quatre des 239 victimes sont françaises, a évoqué de son côté de "très fortes présomptions" que le débris provienne du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, qui a disparu dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 mars 2014. 

Ghislain Wattrelos a perdu sa femme et deux de ses trois enfants dans le vol MH370. Contacté par francetv info, il espère que d'autres débris seront retrouvés : "Plus on en trouvera, plus on saura ce qu'il s'est passé", explique-t-il. 

Francetv info : Quel est votre sentiment après l'annonce de la Malaisie, qui assure que le débris découvert à La Réunion provient du vol MH370 ? 

Ghislain Wattrelos : La Malaisie me ment depuis le début, donc je ne crois absolument pas ce qu'elle dit. Ils désinforment depuis le début. Ils utilisent l'information à leur façon, ils n'attendent même pas la conclusion du juge. Ils ont parlé de détournement, d'accident... J'écoute ce que dit le juge en France, je crois en mon pays. Mais les autorités malaisiennes, sûrement pas. Je dois d'ailleurs voir le juge jeudi après-midi. 

Je suis ravi que ce débris soit arrivé en France. La France va pouvoir jouer son rôle, ce qu'elle ne faisait pas jusque-là. Il y avait quatre Français dans l'avion, mais elle n'a rien fait... Aujourd'hui, les autorités françaises sont obligées de s'impliquer. J'ai confiance dans le juge. 

Pensez-vous que l'enquête permettra de déterminer les circonstances du crash ?

C'est quand même extrêmement bizarre de ne retrouver qu'un seul débris. Quand un avion s'écrase, cela produit des centaines de débris. On l'a vu avec le Rio-Paris [qui s'est abîmé dans l'océan Atlantique en mai 2009]. Là, on ne retrouve rien au moment de la disparition et finalement, c'est un débris qui est découvert, au bout de 16 mois. Cela pourrait vouloir dire qu'on n'a pas cherché au bon endroit, sinon on aurait retrouvé des débris. Ou alors d'autres débris vont être retrouvés, ce que j'espère. Plus on trouvera de débris, plus on saura ce qu'il s'est passé. Mais il faut rester prudent, les gens vont voir des morceaux d'avion sur toutes les plages... 

Depuis un an et demi, vous vous mobilisez pour connaître la vérité. Comment envisagez-vous votre combat désormais ?

Si ce débris appartient bien à cet avion, ce qui semble être le cas, ce serait le début du deuil pour nous. On ne pouvait pas le faire jusqu'ici, sans aucune trace, sans aucune preuve. On espérait toujours en se disant : "Cet avion a peut-être pu atterrir quelque part, il ne s'est pas écrasé." C'est donc une page extrêmement douloureuse qui se tourne. Au bout de 16 mois, le combat change de nature. Le deuil va pouvoir commencer, mais le combat pour la vérité ne s'arrête pas pour autant. 

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