Bangladesh : les mutins déposent les armes ?
"Des fusillades ont de nouveau été entendues cet après-midi dans le complexe des Bangladesh Rifles alors même que nous nous attendions à une fin rapide du soulèvement", a déclaré un policier. La mutinerie des BDR, une force principalement chargée de la surveillance des frontières mais qui peut prêter main forte à l'armée et à la police en cas de troubles intérieurs, est apparemment motivée par un contentieux sur le versement de la solde. Le mouvement s'est pour le moment soldé par une cinquantaine de morts.
Des chefs de la police dans six districts frontaliers du pays ont indiqué que des garde-frontières dans leur région respective s'étaient joints au soulèvement qui a débuté mercredi à Dacca. "Ils tirent de manière aveugle", a dit un responsable policier du district de Moulivibazar (nord-est). Plusieurs chaînes de télévision indépendantes ont affirmé que le mouvement de rébellion s'était propagé dans 12 districts frontaliers, soit un quart des secteurs où les unités des Bangladesh Rifles (BDR) sont stationnées.
Le Premier ministre, Sheikh Hasina, a lancé un appel au calme et à la fermeté tandis que les autorités ordonnaient la suspension des réseaux de téléphonie mobile pour couper court, selon l'un des opérateurs, aux rumeurs et à la désinformation. La crise semblerait en voie de règlement au lendemain d'une offre d'amnistie générale pour les mutins émanant du gouvernement de Sheikh Hasina. "Nous lui avons promis que nous allions déposer les armes et rentrer dans nos casernes. Elle a accepté que nos revendications soient satisfaites progressivement", avait déclaré Tauhid, un adjoint du responsable des BDR, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre.
Le Bangladesh, l'un des Etats les plus déshérités de la planète avec plus de 140 millions d'habitants, a connu une série de coups d'Etat militaires depuis son indépendance en 1971 mais la mutinerie de cette semaine ne semble pas répondre à des mobiles politiques. Le mouvement illustre néanmoins l'ampleur de la tâche qui attend Sheikh Hasina, qui a remporté les élections législatives de décembre ayant scellé le retour de la démocratie au terme de près de deux ans d'un gouvernement intérimaire sous tutelle de l'armée.
Caroline Caldier, avec agences
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