Afghanistan : la crainte de l'enlisement
Les cercueils des dix soldats tués en Afghanistan lundi dans une embuscade des talibans étaient disposés hier au pied de l'autel de l'église Saint-Louis des Invalides, pour une cérémonie d'hommage national présidée par Nicolas Sarkozy. "Aujourd'hui, c'est un jour de deuil pour la nation française", a déclaré le chef de l'Etat.
Le président, qui est aussi chef des armées, a réaffirmé que les soldats français étaient "engagés en Afghanistan dans un combat contre la barbarie, l'obscurantisme et le terrorisme". Il a loué "la bravoure et la ténacité" des soldats tués et les a décorés à titre posthume de la croix de chevalier de la Légion d'honneur.
Questions sans réponse
Alors que des questions se soulèvent sur les circonstances exactes du guet-apens qui a coûté la vie aux dix soldats français ainsi que sur les conditions de leur engagement, Nicolas Sarkozy a promis que l'armée tirerait la leçon de ces pertes. "Je veux que vos collègues ne se retrouvent jamais dans une telle situation. Je veux que tous les enseignements soient tirés", a déclaré le chef de l'Etat.
La commission de la Défense de l'Assemblée nationale auditionnera mardi prochain le ministre de la Défense Hervé Morin, alors qu'une mission d'évaluation de la situation en Afghanistan devrait être confiée aux députés Pierre Lellouche (UMP) et François Lamy (PS). Mais le gouvernement a néanmoins balayé par avance les critiques et questions formulées sur le déroulement de l'embuscade dont ils ont été victimes ou la finalité de l'engagement militaire en Afghanistan.
Rester ou partir ? Le débat est relancé
Depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, les talibans ont lancé une insurrection meurtrière. Alors que les violences ont redoublé d’intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70.000 soldats étrangers, le débat est relancé sur le sens de cette guerre, commencée il y a sept ans, et sur l’engagement français.
Cinq mois après que Nicolas Sarkozy a annoncé, lors du sommet de l'Otan à Bucarest, le renforcement du contingent français en Afghanistan, 55% des Français estiment aujourd'hui que la France devrait retirer ses troupes du pays. C'est ce que révèle un sondage CSA publié ce matin par le Quotidien Le Parisien. 36% des personnes interrogées pensent au contraire qu'il est nécessaire de maintenir des troupes sur le terrain. Avant la France, d'autres pays de la coalition ont eu affaire à ce type de questionnement à l'occasion de pertes militaires.
Sur le terrain, un contexte de plus en plus tendu
Si les forces étrangères déplorent la perte de quelque 184 soldats, dont 96 Américains, depuis le début de l'année, la population civile n'est pas épargnée non plus par ce regain de violence. Au cours des quatre premiers mois de l'année 2008, environ 200 civils afghans ont été tués par les forces internationales, la plupart dans des frappes aériennes, avait indiqué à la mi-mai un rapporteur spécial de l'ONU, Philip Alston. Dans le même temps, 300 civils ont été tués lors d'attaques des talibans, les trois quarts au cours d'attentats suicide, selon lui.
Cécile Mimaut, avec agences
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