La tension entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
Lors d'un stage organisé à Budapest par l'Otan pour des militaires originaires des pays de l'ex-URSS en 2004, Ramil Safarov décapite à la hache, dans son sommeil, Gourgen Margarian, un officier arménien.
Condamné à la perpétuité pour ce meurtre, Ramil Safarov est extradé vers son pays par les autorités hongroises, fin août 2012, mais dès son retour à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev le gracie.
En dépit d'assurances données par Bakou à Budapest, selon lesquelles l'officier purgerait sa peine en Azerbaïdjan, Ramil Safarov, accueilli en héros, est promu au grade de commandant, reçoit une maison et obtient le versement de son salaire pour les huit années qu'il a passées en Hongrie.
Résultat : l’Arménie suspend ses relations diplomatiques avec la Hongrie.
Réactions à la libération du meurtrier
Les autorités arméniennes déplorent que le meurtrier soit «érigé en modèle pour la jeunesse» en Azerbaïdjan. «Cette promotion d’un assassinat sur des bases ethniques est un défi au monde civilisé, notamment l’Europe, et pas seulement un problème pour l’Arménie», déclare Erevan, selon des propos rapporté par Le Monde.
Le président des Etats-Unis Barack Obama s'est déclaré «très préoccupé» par la décision de l'Azerbaïdjan, de même que la Russie, la France, l'Union européenne ou encore l'Otan. Les réactions d’indignation à travers le monde se sont succédées les unes aux autres, y compris en Hongrie.
L'affaire a ravivé les tensions entre Bakou et Erevan qui se disputent depuis des années sur la question du Nagorny Karabakh.
Le Nagorny Karabakh
Territoire à population arménienne, enclavé par Staline dans les frontières de l’Azerbaïdjan, le Karabakh, qui a fait sécession après la chute de l’URSS et déclaré son dépendance fin 1991, est au centre du conflit entre l'Arménie chrétienne et l'Azerbaïdjan majoritairement musulman et turcophone, qui souhaite en récupérer la souveraineté.
Le Nagorny Karabakh ou Haut-Karabakh («Artsar» en arménien) fait partie de l'Arménie jusqu'en 1923, date à laquelle il est rattaché à la République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan, avec le statut de région autonome.
Entre février 1988 et mai 1994, une guerre oppose Azerbaïdjanais et Arméniens du Nagorny Karabakh, soutenus par Erevan. Le conflit fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés de part et d’autre.
L'année 1991 marque la fin de l'URSS. En 1993, les Arméniens récupèrent les villages contrôlés par les Azerbaïdjanais et s'emparent d'une «zone de sécurité» de 8.000 km², située entre le Nagorny Karabakh et l'Arménie.
Un cessez-le-feu est conclu en mai 1994 après la victoire de la partie arménienne. Le statu quo prévaut, aucun accord diplomatique n'a été encore trouvé. Les négociations conduites sous les auspices du Groupe de Minsk de l'OSCE (Russie, Etats-Unis, France) butent sur la mise au point d'un règlement de paix.
En novembre 2008, Arménie et Azerbaïdjan ont signé une déclaration appelant à un «règlement pacifique» du conflit, mais les accrochages armés entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises se poursuivent.
Une lutte pour la paix
Euronews 2009
Un conflit gelé mais toujours menaçant
En glorifiant un crime raciste, l’Azerbaïdjan menace la paix régionale.
Une propagande haineuse, en particulier à travers des spots quotidiens qui ponctuent en permanence les programmes télévisés dans ce pays, conditionne l’opinion publique nationale et toute une génération d’azerbaïdjanais depuis près de deux décennies.
Faute de pouvoir se mettre d'accord sur le statut de ce territoire montagneux de 4.400 km² , Bakou multiplie les menaces d'une solution militaire, ce qui fait de ce conflit gelé il y a près de vingt ans, l'un des plus dangereux au monde.
On ne peut que s’interroger sur les conséquences tragiques qu’auraient pour la population arménienne de souche du Karabakh un retour de la région sous l’emprise de l’Azerbaïdjan, ouvertement soutenu par le cousin turc à l’ouest. Un allié turc qui continue à nier la réalité du génocide arménien perpétré en 1915 dans l’empire ottoman et qui maintient par un blocus l’isolement géographique de l’Arménie, prise en tenaille entre les deux.
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