Woody Allen accusé d'agression sexuelle : retour sur une affaire vieille de plus de vingt ans
Dylan Farrow, fille adoptive du cinéaste, a publié un témoignage dans le "New York Times" où elle raconte qu'il a abusé d'elle alors qu'elle avait 7 ans. Des allégations que le réalisateur juge "fausses et honteuses".
Il rejette toutes les attaques de son ancienne famille. Le réalisateur américain Woody Allen a qualifié de "fausses et honteuses", dimanche 2 février, les accusations d'agression sexuelle proférées la veille par sa fille adoptive, Dylan Farrow.
Retour sur les récents rebondissements de cette affaire vieille de vingt ans.
Acte 1 : un tweet accusateur lors des Golden Globes
En janvier, alors que Woody Allen se voyait décerner un Golden Globe d'honneur pour l'ensemble de son œuvre, son fils adoptif, Ronan Farrow, s'est fendu d'un tweet polémique. "J'ai raté l'hommage à Woody Allen. Est-ce qu'ils ont parlé du moment où une femme a publiquement confirmé qu'il avait abusé d'elle à l'âge de 7 ans, avant ou après Annie Hall ?" a-t-il écrit sur son compte.
Missed the Woody Allen tribute - did they put the part where a woman publicly confirmed he molested her at age 7 before or after Annie Hall?
— Ronan Farrow (@RonanFarrow) January 13, 2014
Ce tweet faisait référence aux déclarations de sa sœur Dylan à Vanity Fair (en anglais) en octobre 2013, qui affirmait avoir été abusée par le cinéaste. La jeune femme expliquait alors qu'elle n'avait jamais été appelée à témoigner dans cette affaire datant de plus de vingt ans. Les premières accusations remontent en effet à 1992, année de la violente séparation entre Woody Allen et Mia Farrow.
"Il y a beaucoup de choses dont je ne me rappelle pas, mais ce qui 'est passé dans le grenier, je m'en souviens. Je me rappelle ce que je portais et ce que je ne portais pas", a indiqué Dylan Farrow en octobre.
Acte 2 : un témoignage qui intervient en pleine course aux Oscars
Dylan Farrow, 28 ans, a brisé son silence et raconté en détail son agression, dans une lettre ouverte publiée samedi soir sur un blog du New York Times (en anglais). Elle explique avoir décidé de parler en raison du Golden Globe récemment décerné à Woody Allen pour l'ensemble de son œuvre et à ses dernières nominations aux Oscars 2014 pour le film Blue Jasmine.
Dans sa lettre, Dylan Farrow, écrit : "Quand j'avais 7 ans, Woody Allen m'a prise par la main, et m'a conduite dans un petit grenier mal éclairé au 2e étage de notre maison. Il m'a dit de m'allonger sur le ventre et de jouer avec le train électrique de mon frère. Et il m'a agressée sexuellement". Elle poursuit, assurant que Woody Allen "me parlait en le faisant, me murmurant que j'étais une gentille petite fille, que c'était notre secret, me promettant que nous irions à Paris et que je serais une star de cinéma".
Selon Dylan Farrow, son "tourment a été aggravé par Hollywood". "A de rares et précieuses exceptions, tout le monde a fermé les yeux. La plupart considérant plus facile d'accepter l'ambiguïté, de dire 'Qui peut dire ce qui s'est passé ?', de prétendre qu'il n'y avait rien de mal", affirme-t-elle.
Acte 3 : une contre-attaque en bonne et due forme
Le cinéaste n'a pas tardé à répondre à ces accusations, qu'il récuse depuis toujours. "M. Allen a lu l'article et le considère comme faux et honteux", a déclaré sa porte-parole, Leslee Dart. Elle a rappelé qu'"une enquête minutieuse avait été menée par des experts indépendants mandatés par la cour", et qu'ils "avaient conclu qu'il n'y avait pas de preuve crédible de l'agression".
A l'époque, dans les années 1990, les experts mandatés avaient en effet conclu "que Dylan Farrow était incapable de faire la distinction entre son imagination et la réalité ; et que Dylan Farrow avait probablement été manipulée par sa mère, Mia Farrow. Aucune poursuite n'avait été engagée", a souligné la porte-parole de Woody Allen.
Une enquête avait toutefois été ouverte dans le Connecticut (où vivait la famille, non loin de New York). Un procureur avait estimé qu'il y avait des "raisons suffisantes" pour poursuivre Woody Allen, mais avait finalement renoncé à le faire, jugeant la petite fille trop "fragile". Une décision qui avait fait couler beaucoup d'encre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.