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Visite de Raul Castro à Paris : "Les relations franco-cubaines sont meilleures que jamais"

François Hollande reçoit son homologue cubain à l'Elysée pour une visite d'Etat. Chercheur spécialiste de l'Amérique latine, Jean Ortiz analyse la venue du dirigeant communiste à Paris.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande reçoit le président cubain Raul Castro, le 1er février 2016 à l'Elysée, à l'occasion d'une visite d'Etat. (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP)

C'est la première visite d'Etat d'un dirigeant cubain à Paris depuis 1995. En déplacement à Paris, lundi 1er février, le président Raul Castro est reçu à l'Elysée par François Hollande, pour une rencontre marquée par la signature de nombreux contrats. Pour la France, cette visite est en effet l'occasion de muscler ses échanges commerciaux avec le pays, en profitant de l'ouverture progressive du régime à l'économie de marché. Tapis rouge à la descente d'avion, descente des Champs-Elysées, dîner d'Etat... Rien n'a été négligé. Pour comprendre le sens de cette visite, francetv info a contacté Jean Ortiz, chercheur spécialiste de l'Amérique latine.

Francetv info : La venue de Raul Castro est marquée par de nombreux accords économiques. Comment l'expliquer ?

Jean Ortiz : Cuba est en crise économique et le pays opère actuellement des changements profonds et structurels de sa politique économique – ce qu'ils nomment "l'actualisation du modèle", même si je pense qu'il s'agit plutôt d'adaptations. Le pays a besoin d'investissements, de partenaires, d'argent et d'accords économiques... Certes, les Etas-Unis ont rétabli les relations diplomatiques, mais le blocus est maintenu. Les chefs d'entreprise américains sont encore bridés par l'embargo de 1962, ensuite consolidé par la loi Helms-Burton de 1996. A ce titre, des banques françaises ont d'ailleurs été condamnées [En 2014 et 2015, la BNP, la Société générale et le Crédit agricole ont dû négocier des amendes après des viols d'embargo].

La France a signé de nombreux contrats au cours de cette visite d'Etat, tout en évoquant de nombreux thèmes chers à Cuba. Pourquoi tant d'attentions ?

Aujoud'hui, la France n'est que le dixième partenaire économique de Cuba et François Hollande essaie donc de "placer" les entreprises françaises, avant le potentiel afflux de dollars dans l'île. Malgré le réchauffement entre Cuba et les Etats-Unis, les entrepreneurs américains piaffent d'impatience, car le blocus n'est pas levé. La France profite de cette contradiction pour engager une course de vitesse. Et les relations de la France et Cuba sont donc meilleures que jamais. En 1995, quand Fidel Castro était venu en France pour rencontrer François Mitterrand, il y avait une levée de bouclier médiatique contre le dictateur, l'infréquentable. Aujourd'hui, Raul Castro est célébré pour son pragmatisme.

Voilà pour l'économie, mais quel est l'objectif politique de Raul Castro à Paris ?

Victor Hugo, la Révolution française... A Cuba, il y a une cote d'amour pour la France, avec une alliance française qui fonctionne bien, avec des événements culturels, comme la Semaine du livre. Raul Castro espère également que la France puisse contribuer à assouplir la position commune de l'Union européenne sur l'embargo américain [François Hollande a d'ailleurs appelé Barack Obama à "aller jusqu'au bout (...) pour en finir avec ce vestige de la guerre froide"]. Pour François Hollande, c'est aussi l'occasion de soigner sa gauche, alors qu'il est critiqué sur ce point.

Certains reprochent à la France de dérouler le tapis rouge à Raul Castro, alors que la question des droits de l'homme est toujours sensible...

Le système cubain est en train de s'ouvrir. Il faut l'accompagner sur la question des droits de l'homme, mais sans ingérence. Certes, il existe encore de vieux schéma et une confusion entre le parti, l'Etat et le gouvernement. Mais l'actuel numéro deux et président de demain, Miguel Diaz-Canel, est un homme de cinquante ans, technocrate et bien formé. Cet homme de terrain ne fera que deux mandats. Cuba est en train de se "révolutionner" et vit une nouvelle ère.

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