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Venezuela : Maduro compte sur l'armée et la police pour «défendre la révolution»

Face au mécontentement populaire, aux pénuries et aux manifestations de l'opposition, le président vénézuélien vient de décréter «l’état d’exception et d’urgence économique». Décidé à contourner le Parlement qui réclame sa destitution, Nicolas Maduro s’est accordé les pleins pouvoirs. Il compte sur la police et l’armée pour refuser tout référendum révocatoire et se maintenir à la tête de l'Etat.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Venezuela : l'oppositon dans la rue pour réclamer un référendum de révocation du président Maduro. (Reuters/ carlos Garcia Rawlins)

Le Venezuela s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Les conditions de vie de la population sont devenues très difficiles. Queues interminables devant les magasins, pénuries alimentaires et de produits de bases, inflation de 500%, coupures d’eau et d’électricité... La délinquance explose. Parfois, des consommateurs en colère prennent d’assaut les camions de livraison.
 
Alors que le pays importe à peu près tout ce dont il a besoin, il n’a plus assez de devises depuis la chute du cours du pétrole qui représente 96% des apports en dollars.
 
L’entreprise Polar a suspendu la production de bière dans ses quatre brasseries fautes de devises pour pouvoir importer les matières premières nécessaires.
 
Le successeur d’Hugo Chavez a ordonné la saisie des usines «paralysées par la bourgeoisie» et l’emprisonnement des entrepreneurs accusés de «saboter le pays».

Etat d'exception
Le décret d’état d’urgence publié le 16 mai 2016 au Journal officiel renforce les prérogatives des forces armées et des «Comités locaux d’approvisionnements et de production».
   
Si Hugo Chavez a bénéficié d’un large soutien populaire, cela n’est plus le cas de son successeur.
 
L’opposition, majoritaire au Parlement, a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour obtenir un référendum révocatoire pour faire tomber le président Maduro. Un référendum qu’elle espère organiser d’ici fin 2016.
 
Dénonçant des menaces extérieures, Nicolas Maduro a accusé «les Etats Unis de vouloir en finir avec les courants progressistes en Amérique latine» et ordonné des exercices militaires des forces armées et de la milice «pour se préparer à n’importe quel scénario».
 

Le président Maduro garde quelques soutiens dans la population malgré les graves pénuries alimentaires. (afp/juan Barreto)

Maduro use de la réthorique anti-impérialiste
Si les Etats-Unis ont à plusieurs reprises tenté de déstabiliser la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez, le leader Maduro perpétue une rhétorique anti-impérialiste qui impute les difficultés du pays à des conspirations extérieures (orchestrées par Washington). Mais après 17 ans de pouvoir, l’argument est de moins en moins crédible.
 
Les observateurs redoutent maintenant un coup d’Etat militaire suite à une insurrection populaire, ou un gouvernement toujours plus autoritaire pour tenir l’opposition à distance du pouvoir.
 
Une remontée du prix du pétrole pourrait sauver le régime qui, malgré son grave échec économique, a gagné les cœurs d’une partie de la population par son action déterminée dans les domaines de l’éducation et de la santé.
 
Une politique rendue possible durant une dizaine d’années par les hauts prix du baril de pétrole. Mais le pays est aujourd’hui tombé dans une grave récession (-7% sur un an), le déficit public frôle les 20% du PIB.
 
En 2015, le gouvernement socialiste a déboursé 27 milliards de dollars d’intérêts pour rembourser sa dette. Les investissements dans les infrastructures ont été très insuffisants et le gouvernement n’avait pas mis d’argent de côté en prévision des périodes de vaches maigres.
 
Le régime a bien l’intention de s’accrocher au pouvoir, au risque d’une guerre civile, en attendant une hypothétique remontée des cours du pétrole.

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