Un prétendant républicain à la Maison Blanche éclaboussé par une affaire d'embouteillage
L'équipe de Chris Christie, gouverneur du New Jersey, est accusée d'avoir provoqué des bouchons pour se venger d'un autre homme politique.
"Je ne suis pas une brute." Chris Christie a beau l'assurer devant les caméras, l'image risque très sérieusement de coller à la peau du très populaire gouverneur du New Jersey, qui figurait parmi les sérieux prétendants à la Maison Blanche en 2016.
Le républicain se débat actuellement avec un scandale : son entourage est accusé d'avoir provoqué, en septembre 2013, des bouchons monstres dans son propre Etat, en fermant plusieurs voies d'accès au pont George-Washington. L'artère, qui relie le New Jersey à la ville de New York, n'avait pas besoin de ça : elle est déjà bondée en temps normal.
Une vengeance politique ?
Initiée par la chef de cabinet adjointe de Chris Christie, licenciée depuis, la manœuvre aurait eu pour but de gêner le maire démocrate de la ville de Fort Lee. L'homme avait en effet refusé de soutenir le gouverneur lors de sa campagne de réélection en 2013. Une basse vengeance politicienne en somme, mais pas sans conséquence pratique : en raison de ces embouteillages, qui ont duré plusieurs jours, les ambulances avaient eu les plus grandes difficultés à circuler, note USA Today (article en anglais).
Le scandale a de quoi sérieusement diminuer les chances de Chris Christie de briguer la succession de Barack Obama. Le républicain avait pourtant tout pour plaire. Plutôt modéré sur les questions de société, il ne déplaît pas dans le camp démocrate. Principal atout, son charisme et son caractère de grande gueule : l'homme est réputé pour son franc parler.
107 minutes d'excuses
Acculé par les critiques, Chris Christie n'a pas eu d'autre choix que de s'excuser, jeudi 9 janvier 2014. Pendant une séance télévisée de contrition de 107 minutes, le républicain n'a eu de cesse de le répéter : il ne savait "rien", toute l'affaire a été montée dans son dos. "Je suis embarrassé et humilié par le comportement de certains membres de mon équipe."
Des quotidiens locaux jusqu'aux chaînes nationales, l'affaire fait la une outre-Atlantique. Et la presse n'a, semble-t-il, pas été convaincue par les "excuses marathon" du gouverneur, les tabloïds new-yorkais en tête. "Pathétique", titre le New York Daily News (article en anglais), qui évoque en première page une "tentative éhontée d'étouffer l'affaire".
D'autant que Chris Christie n'en serait pas à son premier coup d'éclat. Le New York Times (article en anglais) a listé les représailles subies par plusieurs des opposants de l'ambitieux républicain : un ancien gouverneur a été dépourvu de protection policière en public, un professeur a été privé de financement, un sénateur n'a pas été invité à un événement dans son propre district... A chaque fois, précise le quotidien, Chris Christie dément être impliqué, mais l'effet est là : "Cela effraye tous ceux qui pourraient oser s'opposer à lui."
Le précédent d'Al Gore
L'usage des embouteillages comme arme politique n'est en tout cas pas inédit aux Etats-Unis, rappelle Slate (article en anglais). Le site évoque Bob Shrum, responsable de la campagne d'Al Gore en 2000. Dans ses mémoires, il raconte comment la méthode a pu faire basculer la primaire dans le New Hampshire, où son opposant Bill Bradley était en passe de l'emporter. Stratégie de dernière minute : "Envoyer Gore dans des zones du sud du New Hampshire, où vivaient énormément de soutiens de Bradley."
"La plupart d'entre eux votaient tardivement dans la journée en rentrant chez eux, se souvient Bob Shrum. Le convoi de Gore – le candidat, la presse, les services secrets et la police – pouvait encombrer le trafic et empêcher certains d'arriver aux bureaux de vote." L'épisode n'avait pas handicapé Al Gore à l'époque. A contrario, les embouteillages pourraient entraver le chemin de Chris Christie vers la Maison Blanche : une enquête préliminaire a été ouverte pour faire la lumière sur l'affaire.
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