: Reportage En Haïti, les sinistrés du séisme s'entassent dans des camps de fortune : "On est obligés de rester là"
Dans le camp de réfugiés des Cayes, le plus grand du pays, 600 personnes sinistrées affrontent une insalubrité extrême depuis qu'un séisme a détruit leurs habitations, samedi 14 août.
Quatre piquets de bois, quelques morceaux de tissus en guise de toit, un sol boueux de cinq mètres carrés. C'est là que survivent Brunette, son mari et leurs deux enfants, dont un bébé de quelques mois. "Depuis samedi, on dort là, nos maisons sont toutes tombées. Mon bébé est malade à cause de l’humidité. Il a de la fièvre et la diarrhée." Comme elle, beaucoup de Haïtiens se sont réfugiés dans des camps de fortune où règne une effroyable insalubrité, après le tremblement de terre qui a frappé le sud-ouest d’Haïti samedi 14 août. Dans la ville des Cayes, le plus grand camp du pays abrite 600 personnes, dont la moitié sont des enfants.
Un homme entre dans la cabane de Brunette. Il veut nous montrer son enfant : "Le béton est tombé sur lui." Plusieurs balafres mal cicatrisées ont tailladé la peau du petit. Marie-Rose dort elle aussi dans ces cabanes insalubres. A l'intérieur, il fait une chaleur étouffante le jour, et la nuit, il pleut. Elle s’inquiète pour son petit-fils, un nourrisson. Lui aussi a de la fièvre : "Avec le tremblement de terre et la pluie, le bébé est tombé malade. Mais nous n’avons pas d’aide médicale ni d’argent pour l’emmener à l’hôpital."
Pas assez d'eau ou de nourriture
L’aide internationale peine à acheminer les produits de première nécessité et la reconstruction des près de 40 000 habitations détruites sera longue. Les centaines de milliers de sinistrés du tremblement de terre qui a fait près de 2 200 morts doivent en plus faire face aux intempéries déclenchées par le passage de l'ouragan Grace. "On n'a pas de nourriture, on dort mal quand il pleut, explique cet homme. Sous la tente, la pluie s'infiltre mais on est obligés de rester là. Pas d'autre solution."
Pendant notre reportage, des dizaines de personnes nous suivent, nous tirent par la manche. Ils veulent tous témoigner du manque de nourriture, d’eau potable et de l’insalubrité générale : "Il y a des toilettes publiques, mais on n’y a pas accès parce que des personnes nous obligent à payer pour les utiliser. Alors, pour faire nos besoins, on doit aller dans un coin. Il faut que le service des eaux vienne nous aider."
"Les autorités ne sont même pas passées nous voir", conclut un autre homme, résumant ainsi le sentiment d’abandon que ressentent ces hommes, ces femmes et ces enfants.
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