: Reportage "Certains de mes voisins n'ont pas eu d'eau depuis deux ou trois jours" : après le séisme en Haïti, les sinistrés manquent de tout
Le tremblement de terre de magnitude 7,2 qui a frappé le sud-ouest d'Haïti samedi 14 août a fait près de 2 000 morts et plongé des milliers de personnes dans le dénuement le plus total. Des sinistrés qui comptent désormais sur les passages aléatoires des ONG pour boire et manger.
"On a soif, on a besoin d'eau !" Une Haïtienne en détresse tente de se frayer un chemin au milieu d'un attroupement qui s'est formé au bord d'une route sinueuse, sur les hauteurs de la ville de Camp Perrin, au sud-ouest de l'île. Un camion humanitaire vient de livrer des sachets remplis d'eau potable pour les sinistrés. Cette femme en prend un. Elle va le partager avec ses voisins "parce que partout, c'est difficile d'en trouver", dit-elle. "Certains de mes voisins n'ont pas eu d'eau depuis deux ou trois jours. Ils pourraient boire sept à huit sachets d'eau tellement ils ont soif !" témoigne-t-elle.
Plus d'eau, ni de nourriture
Les sinistrés regroupés sur cette route viennent de loin, espérant voir arriver une voiture d'ONG délivrer de l'eau, mais aussi de la nourriture. Quelques petits paquets de riz viennent justement d'être distribués. "On vient de tout se partager entre l'ensemble des personnes présentes", raconte un homme.
Quatre jours après le séisme qui a fait plus de 1 900 morts et des milliers de blessés en Haïti, la situation est dramatique, comme en témoigne l'état de dénuement des habitants de ce village de Camp Perrin. Les fortes pluies qui se sont abattues sur le pays dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 août n'ont rien arrangé à la situation. Les gens se retrouvent les pieds dans l'eau, dans les ruines de leurs maisons. Et ils manquent de tout : eau courante, électricité, et très peu de nourriture dans ce quartier reculé, totalement dépendant du passage aléatoire des véhicules d'ONG, chargés de denrées.
Un premier vrai repas, pour des funérailles
Au fond de son jardin, une jeune femme n'a quasiment rien mangé depuis deux jours. Tout juste des spaghettis distribués par une organisation humanitaire, quelques avocats trouvés dans le jardin de son grand-père et le peu de pain qu'elle pouvait acheter. A quelques mètres d'elle, des hommes préparent du béton pour réparer les caveaux du cimetière, fissurés par le séisme. Une odeur de viande plane dans l'air moite. Plusieurs femmes préparent un repas mortuaire.
"On a perdu des proches dans le tremblement de terre. Cet après-midi, il y a un enterrement, et nous allons donner cette nourriture à ceux qui viendront assister aux obsèques."
Une habitante de Camp-Perrinà franceinfo
Toutes les familles éplorées se sont cotisées pour acheter de quoi faire ce repas. Ce sera le premier, véritablement, depuis le séisme.
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