: Reportage "On doit courir pour ne pas recevoir une balle perdue" : le désespoir des Haïtiens face à la violence des gangs non loin du Palais présidentiel
La situation est encore très tendue en Haïti où les violences entre gangs continuent de faire rage. Les gangs s'attaquent désormais au palais présidentiel.
Pour parvenir jusqu'au Palais national sur le Champ de Mars, il faut faire vite. "Il faut passer rapide parce que là, il y a des tirs provenant du quartier de Bel-Air, là-bas", explique Joseph Peterson, journaliste haïtien. Plusieurs policiers sont postés devant ce Palais national, entouré de blindés.
Haïti dispose d'un Conseil présidentiel de transition depuis le 28 mai. C'est Garry Conille, médecin spécialisé en gynécologie et obstétrique, qui a été nommé à la suite de la démission en mars du Premier ministre Ariel Henry face à la flambée des violences.
"Il y a des bandits dans tous les coins, on est presque encerclés", détaille-t-il. La zone ressemble à un champ de bataille. Le sol est jonché de douilles, de déchets, et parfois de corps sans vie."Il y avait un cadavre ici, il a été mangé par les chiens, dit Angelo, un riverain. C'est comme ça".
Les rares civils se tiennent à distance, à quelques dizaines de mètres à peine du Palais national. Roger, un habitué de ce Champ de Mars témoigne : "Actuellement, pour traverser une rue, on doit courir si on ne veut pas recevoir une balle perdue".
L'espoir de l'intervention multinationale de l'ONU
L'activité économique est donc à l'arrêt, au grand désespoir des vendeurs ambulants comme Micheline, une mère de cinq enfants. "Le pays est détruit", dit-elle. Au sujet du déploiement de la force multinationale, Micheline confie "c'est notre dernier espoir".
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 2699 en octobre dernier, autorisant le déploiement d'une mission multinationale de sécurité à Haïti. La mission, dans laquelle les États-Unis sont très impliqués sur le plan logistique (mais sans fournir d'hommes), doit épauler la police haïtienne dans la lutte contre les gangs. Le Kenya veut dépêcher 1 000 policiers dans l'État des Caraïbes. D'autres pays doivent également contribuer à cette force comme le Bénin, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, et le Tchad notamment.
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