Qui est la première femme sur la liste des "terroristes les plus recherchés" par le FBI ?
Joanne Chesimard, marraine du rappeur Tupac Shakur, s'est évadée après avoir été condamnée pour le meurtre d'un policier en 1973. Elle vivrait à Cuba.
Un million de dollars pour celui ou celle qui fournira des informations permettant d'arrêter Joanne Chesimard. Le FBI a annoncé, jeudi 2 mai, avoir ajouté ce nom à la liste des 25 "terroristes les plus recherchés" par la police fédérale. Mais qui est cette première femme à figurer sur cette liste, sur laquelle apparaît notamment le chef d'Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri.
Une militante des Black Panthers
Cette Américaine de 65 ans répond également aux noms de Joanne Byron, Barbara Odoms, Joan Davis, Justine Henderson, Ches ou encore Sister-Love Chesimard. Mais c'est sous le nom d'Assata Shakur que beaucoup la connaissent.
Dans les années 70, cette native de New York a rejoint la lutte armée pour la cause des Noirs, en intégrant les Black Panthers. Elle a appartenu à l'Armée de libération des Noirs (BLA), une organisation américaine d'extrême gauche.
Une fugitive, reconnue coupable du meurtre d'un policier
Son apparition sur cette liste intervient à l'occasion du 40e anniversaire de la mort de Werner Foaster, un officier de police du New Jersey, rappelle The New York Times (lien en anglais). Joanne Chesimard est accusée d'avoir tué le policier de 34 ans lors d'une fusillade, sur une autoroute du New Jersey, en 1973. A ses côtés, ce soir-là, Zayd Malik Shakur, aussi membre de la BLA, est tué.
Incarcérée, la jeune femme est reconnue coupable du meurtre en 1977 et condamnée à perpétuité, mais ne cesse de clamer son innocence, dénonçant "une justice raciste". Blessée à l'épaule pendant l'échange de tirs, raconte le New York Times, elle n'aurait pas été en mesure de tirer, assurent alors ses défenseurs.
En 1979, elle parvient à s'évader avec la complicité de la BLA, selon les déclarations d'un de ses membres, Tyrone Rison, au cours de son procès pour braquage, en 1987. La militante est repérée en 1984 à Cuba, où elle serait toujours, affirme le FBI.
Une icône militante noire
Connue comme étant la marraine de Tupac Shakur, rappeur tué par balle en 1996, la militante est par ailleurs célèbre "à cause des doutes sur sa culpabilité et des rumeurs selon lesquelles elle aurait été maltraitée en prison", indique Slate. Son histoire, qui s'inscrit dans un contexte de lutte armée pour les droits des Noirs aux Etats-Unis, a fait d'elle un symbole, notamment pour certains artistes de la scène hip-hop américaine.
Dans le titre Rebel Without A Pause, Chuck D, du groupe Public Enemy, se déclare "supporter de Chesimard". Les rappeurs Paris et Commons lui ont tous deux rendu hommage dans les chansons Assata's Song et A Song for Assata, indiquait Allhihop.com (lien en anglais) en 2005.
Une cause perdue pour le FBI ?
Joanne Chesimard est la deuxième personne ressortissante américaine à être intégrée à cette liste des 25 terroristes les plus recherchés par le FBI. L'agence promet depuis 2005 une récompense allant jusqu'à un million de dollars (762 000 euros) pour des informations menant à son arrestation, tandis que la même récompense est promise par l'Etat du New Jersey.
Mais pour le site Slate, cette inscription dans la liste du FBI n'a qu'une portée symbolique : un rappel "que certains crimes sont trop horribles pour être oubliés, peu importe la date à laquelle ils ont été commis. Les agents des forces de l’ordre n’aiment particulièrement pas qu’on oublie les gens qui ont été condamnés pour meurtre de policier, puis se sont échappés de prison, et sur qui on a écrit des chansons."
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