Pollution au Chili: le bois de chauffage interdit à Temuco
Le bois de chauffage est largement utilisé en raison de son prix modique. La région d’Araucanie, où l’hiver s’étire sur quelque six mois, est pauvre et très boisée.
Comme l’a montré le 24 juillet 2013 le site GlobalVoices, plusieurs centaines d’habitants ont défilé le 10 juin contre les mesures radicales prévues par les autorités nationales et régionales de la Santé et de l’Environnement. Mesures qui interdisent notamment l’utilisation du bois pour alimenter cheminées et poêles dans un périmètre défini de Temuco, de 18h à minuit, ce qui touche, selon des sources municipales, quelque 40.000 familles.
Il est vrai que l’épaisse couche de fumée irrespirable qui avait coiffé durant plusieurs jours début juin Temuco (250.000 habitants) avait déclenché une alerte environnementale.
Et gare à ceux qui auraient été tentés de brûler du bois (non-réglementaire), ils encouraient une amende dissuasive, pouvant atteindre un million de pesos (152.000 euros).
Temuco, Pékin : même combat
Une étude récente de l’Université catholique de Temuco sur la qualité de l’air a confirmé que, à divers moments de l'année, Temuco présentait la même quantité de pollution de l’air que Pékin, l'une des villes les plus polluées au monde : jusqu’à 20 fois la norme minimale recommandée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
La mesure d’interdiction a, semble-t-il, permis de rendre l’air plus respirable. Mais la centralisation politique a attisé une nouvelle polémique. Selon les protestataires, la décision a été prise à Santiago, la capitale, sans tenir compte des problématiques régionales.
La santé à marche forcée déplaît à une partie des habitants. Certains seraient prêts à favoriser des méthodes innovantes et alternatives de chauffage, comme l’énergie géothermique, par exemple, mais pensent qu’il faudrait augmenter les subventions pour les financer.
Pablo Fernandez S., un consultant en questions environnementales, estime que le problème est de nature économique. Selon lui, le gaz naturel, moins polluant, pourrait être une solution de remplacement intéressante, mais elle coûterait plus chère qu’en Argentine ou en Bolivie : soit 452 euros par mois en moyenne pour une maison individuelle contre 73 avec le bois.
Du pain sur la planche
Paradoxe : le 5 juin, soit quelques jours avant le pic de pollution et la levée de boucliers des habitants, la municipalité de Temuco avait fêté la Journée mondiale de l’environnement. Elle avait exposé ses axes de travail en matière de développement durable. Il était question notamment des normes de commercialisation du bois.
La «qualité de l'air est une priorité, non seulement dans les grandes villes mais aussi dans les petites villes», avait pour l’occasion lancé Andrea Flies, une responsable de l’environnement. Les événements lui auront donné raison.
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