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Nicaragua : en pleine "guerre de l’État contre sa propre population", les sandinistes célèbrent l'anniversaire de la révolution

Alors que le Nicaragua marque jeudi le 39e anniversaire de la révolution sandiniste, un ancien compagnon de route du président Ortega, passé dans l'opposition, témoigne de la violence de la répression, en cours depuis trois mois. 

Article rédigé par Emmanuelle Steels
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des membres de la police nicaraguayenne en patrouille dans les rues de Masaya, le 18 juillet 2018. (JORGE TORRES / EFE)

Le Nicaragua célèbre, jeudi 19 juillet, le 39e anniversaire de la révolution sandiniste menée contre la dictature de la famille Somoza. Une étrange commémoration, alors que le président Daniel Ortega a ordonné une répression brutale contre les manifestants demandant son départ. Face à la violence déployée, beaucoup d’anciens soutiens d’Ortega se retournent contre lui.

Ce n'est "pas une guerre civile"

Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des paramilitaires fidèles à Daniel Ortega se déployer dans la ville de Masaya, un bastion de l'opposition dont ils ont repris le contrôle mercredi. Les festivités de l’anniversaire de la révolution pourront donc avoir lieu. Mais le Daniel Ortega révolutionnaire fait partie du passé : c’est l’un de ses anciens camarades de lutte qui l'affirme. Luis Carrión est aujourd’hui l’un des opposants au président. "Il y a une grande différence avec la révolution que nous avons menée dans les années 1970. C’était une lutte armée contre la dictature de Somoza, soutient-il. Aujourd’hui, c’est un mouvement pacifique et spontané. Il n’y a pas de guerre civile. C'est une guerre de l’État contre sa propre population." 

Une colère attisée par la répression

D’après Luis Carrión, une majorité de Nicaraguayens souhaitent le départ de Daniel Ortega. Et les griefs viennent de loin : la suppression de libertés, la corruption, des élections frauduleuses, un couple présidentiel qui s’accroche au pouvoir. À partir des manifestations d’avril, contre une simple réforme des pensions de retraite, la révolte s’est amplifiée au rythme de la répression officielle. "C’est la réaction criminelle du gouvernement les premiers jours qui a été la goutte qui a fait déborder le vase, explique l'ancien compagnon de route du président. Cela a fait exploser la colère que la population avait jusqu’alors contenue."

Franco Alexander, un étudiant de 24 ans, a été filmé lors d’une des premières manifestations en avril, il montrait à la caméra les munitions tirées par la police. Peu de temps après, il était abattu d’une balle dans la tête. Sa mère, Francisca Machado, avait soutenu Ortega par le passé. "J’étais sandiniste. J’ai voté pour lui, pour Ortega. Mais, il a été trop longtemps au pouvoir. Il a taché de sang le Nicaragua", s'exclame la mère du jeune homme.

De nombreux Nicaraguayens vont célébrer l’anniversaire de la révolution en restant chez eux, portes closes, en guise de protestation.

Au Nicaragua, en pleine crise, les sandinistes célèbrent l'anniversaire de la révolution - un reportage d'Emmanuelle Steels

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