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Les glaces de l’Antarctique ne sont plus à l'abri du réchauffement climatique

Avec des températures pouvant atteindre les -80°C en hiver, on a longtemps cru le continent Antarctique à l’abri des conséquences du réchauffement climatique. Selon des études récentes, les barrières de glace qui entourent le continent blanc montrent des signes de fragilité. Le bloc glaciaire de Larsen B situé au nord-ouest serait sur le point de se disloquer affirment les chercheurs de la Nasa.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Iceberg qui s'est détaché de la côte sud de l'Antarctique. (AFP/biosphotos/Samuel Blanc)

Jusqu’en 2004, les glaces de l’Antarctique étaient en augmentation. Au point que les scientifiques du GIEC n’ont pas voulu intégrer le continent austral dans leurs modèles. Mais la hausse du niveau des océans à un rythme plus rapide que prévu a sonné l’alerte. Si les experts du climat ont modélisé la fonte des glaces de l’Arctique réchauffé par l’océan, ils n’ont pas vu venir la fragilité des glaciers de l’Antarctique que l’on pensait protégés par leurs assises terrestres.
 
Carte de l'Antarctique NASA 2011 (REUTERS/NASA/JPL)

Selon les chercheurs de l’Université de Princeton (revue Science), certaines barrières de glaces de l’Antarctique Ouest ont commencé à fondre et le continent perd désormais davantage de glace en été qu’il n’en récupère en hiver. En Antarctique, ce sont les courants océaniques plutôt que les températures de l’air qui sont en cause. «L’Antarctique de l’Ouest est particulièrement sensible en raison du bas niveau de son socle rocheux, situé sous le niveau de la mer et donc exposé au réchauffement de l’océan Austral», explique Christopher Harig.
 
Les glaciers de l’Antarctique perdent 102 milliards de tonnes chaque année, essentiellement en raison de la hausse de la température de l’eau de mer (+1,5°C). La fragilité des barrières de glaces inquiète les glaciologues car elles servent de butoir aux glaciers continentaux. Ces plateaux de glace flottant autour de la calotte glaciaire freinent l’écoulement de la banquise vers la mer.
 
Descente des glaciers vers l'océan
«Les glaces du Larsen B coulent plus vite, sont de plus en plus fragmentées et développent de grandes fissures», constate l’équipe de recherche dirigée par Ala Khazendar du Jet Propulsion Laboratory. Bien qu’occupant une surface de 1600 km², le Larsen B n’est pas assez gros pour faire monter à lui seul le niveau des océans. Mais les glaciers tenus en place par cette barrière vont poursuivre leur descente vers l’océan à un rythme accéléré et y fondre à leur tour.   
 
Icebergs et évolution des glaces du Larsen B (images satellites) (AFP/NASA)

Eric Rignot du Jet Propulsion Laboratory et Gaël Durand du laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement (LGGE) de Grenoble annoncent dans la revue Nature «la fonte inexorable du glacier de l’île du pin, qui pourrait refluer d’une quarantaine de kilomètres d’ici 2065».
 
Disparition annoncée
Eric Rignot parle de point de non retour : «Ce sont des signes avant-coureurs que le reste se désintègre… ce sont de mauvaises nouvelles pour notre planète. Cette barrière de glace existe au moins depuis 10.000 ans et d’ici un siècle ou deux elle aura disparu», explique le chercheur français.
 
L’Antarctique couvre une superficie de 14 millions de km², environ 1,3 fois celle de l’Europe. Le continent stocke à lui seul près de 90% de la glace terrestre. Si les blocs de l’Antarctique occidental continuent à fondre, comme l’affirment les scientifiques, le niveau des mers et océans pourrait monter de 4 à 5 mètres.

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