Cet article date de plus de douze ans.
La trêve des maras du Salvador
Publié le 11/05/2012 15:52
Mis à jour le 25/10/2013 15:46
Temps de lecture : 1min
Le Salvador est le plus petit pays d'Amérique Centrale. Bien qu’il soit la troisième économie de la région, il est pauvre. Un tiers de la population est au chômage et, d'après la Banque mondiale, 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Gangréné par la violence, il possède un taux annuel d'homicides parmi les plus élevés au monde.
Dans les années 80, les membres des gangs expulsés des Etats-Unis ont formé les maras, abréviation de «marabunta» , une fourmi carnivore d'Amazonie. Trafic d’armes et de drogues, extorsions et kidnappings sont leurs principales activités.
Une médiation avec l'église catholique, le 23 mars 2012, a permis une trêve entre les deux principales bandes rivales du pays, Mara Salvatrucha (MS-13) et Mara 18 (M-18).
De plus, le président a lancé un vaste chantier pour la réhabilitation des «pandilleros» (gangs en espagnol). Cette démarche lui a valu de nombreuses critiques d’observateurs qui n’apprécient pas que l’Etat négocie avec des organisations criminelles.
La polémique ne fait que commencer.
lors d'une conférence de presse à la prison de Quezaltepeque, le 2 mai 2012.
Le Honduras et le Guatemala forment avec le Salvador le Triangle du nord, une zone où opèrent les narcotrafiquants venus principalement du Mexique, et les maras.
C’est l’une des régions au monde où le taux d’homicides est le plus haut : Honduras, 82 pour 100.000 habitants en 2011 (record mondial), Salvador 65 et Guatemala 40. (AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
des membres de M-18 assistent à une messe, le 13 Avril 2012.
Les maras sont principalement implantées au Salvador où 4.000 meurtres par an sont recensés.
D’après l’ONU, 70.000 membres y font partie de 900 gangs, dont 10.000 sont incarcérés dans les prisons salvadoriennes. (AFP PHOTO / Jose Cabezas.)
parfois jusqu'au visage sont l’un des signes distinctifs des membres des maras.
Sur les treize à quatorze homicides recensés quotidiennement dans le pays, 90% leurs sont imputés.
Responsables de cette ultra violence, ils en sont aussi les premières victimes. (AFP PHOTO/ Jose CABEZAS)
lors du tournage du documentaire La vida loca.
Il avait essayé de filmer les jeunes de la Mara 18 dans son film et de montrer leurs tentatives pour se réintégrer dans la société. Il en a payé le prix fort, assassiné sur une route au nord de San Salvador, le 2 Septembre 2009. (AFP)
dont douze femmes, prêtent serment sur un terrain de football de l'Académie nationale de sécurité publique à Comalapa, le 19 avril 2012.
Ce mois-là, le gouvernement crée une unité policière d'élite composée de 302 membres.
Formés au langage des maras et spécialisés dans le renseignement, leur principale tâche est de combattre les extorsions, domaine d'activité privilégié des gangs, à l'encontre des propriétaires d'autobus, des commerçants ou des familles. ( AFP PHOTO/ Jose CABEZAS)
des membres de M-18 incendient un autobus à Mejicanos, dans la banlieue nord de San Salvador, tuant onze passagers.
Les entreprises de bus et de taxis sont particulièrement touchées. Leurs propriétaires sont tenus d’inscrire leurs véhicules sous les noms des membres de ces organisations criminelles.
«Un impôt de guerre», est réclamé en échange de protection. (AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
la police arrête des membres de MS-13, le 20 mars 2012.
Occuper des logements est une de leurs techniques pour contrôler une zone. Des quartiers entiers dans plusieurs villes du pays se trouvent ainsi aux mains des bandes.
Le trafic de drogue est une autre part importante de l’activité des maras. (AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
au pénitencier d’Izalco.
Dans un document publié le 23 mars 2012 par le quotidien El Diario de Hoy, les deux bandes MS-13 et M-18 annoncent une trêve dans la guerre qu’elles se livrent depuis des années. (AFP PHOTO / Jose Cabezas.)
à la prison de Zacatecoluca, connue sous le nom de Zacatraz.
Les deux chefs, Carlos Ernesto Mojica (M18), alias Viejo Lin, et Romeo Enrique Henriquez (MS-13), El Diablo, réclament en contrepartie un soutien du gouvernement pour la réinsertion sociale de leurs membres et «des opportunités de travail et d'éducation».
D’autre part, ils ont profité de cette déclaration pour dénoncer les conditions de détention des membres. (AFP PHOTO / Jose Cabezas.)
Mgr Fabio Colindres, au pénitencier d’Izalco, le 13 avril 2012.
Cette trêve a eu lieu suite à la médiation de l'aumônier militaire, Fabio Colindres, et de Raul Mijango, ancien commandant du Front Farabundo Marti de libération nationale, ex-guérilla devenue parti politique, représenté au gouvernement.
Depuis l’élection du président Mauricio Funes en juin 2009, les meurtres ont augmenté de 30% passant de 12 à 18 par jour. (AFP PHOTO / Jose Cabezas.)
un groupe de rap composé de membres de M-18, lors d'une cérémonie religieuse à la prison La Esperanza à San Salvador, le 7 mai 2012.
a trêve a permis une certaine accalmie dans le nombre croissant de victimes. Le 16 avril est une journée à marquer d’une croix, car en trois ans, elle est la première sans aucun homicide. (AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
et son enfant un jour de visite dans la prison de Quezaltepeque, le 2 mai 2012.
Victor Antonio Garcia, l’un des dirigeants de la Mara 18, annonce lors d'une conférence de presse le 2 mai dans la prison de Quezaltépèque, que les écoles deviennent des «zones de paix». (AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
de la prison de Quezaltepeque, à 25 km de San Salvador, le 2 mai 2012.
Pour parvenir à la paix sociale, le gouvernement et les différents acteurs de la société (entrepreneurs, partis, société civile, religieuse...) ont décidé de mettre en place un accord avec les chefs des gangs.
Ces derniers réclament des emplois pour enrayer le phénomène de recrutement des jeunes au sein des gangs. (AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
dans la chapelle de la prison La Esperanza à San Salvador, le 7 mai 2012.
Certains observateurs, comme le professeur d'université Roberto Cañas, mettent en doute la viabilité de cette trêve : «Je ne suis pas convaincu que cet arrangement entre bandes (...) constitue une solution au problème (de la violence) et puisse être garanti à long terme.» ( AFP PHOTO / Jose CABEZAS)
de Quezaltepeque, le 2 mai 2012.
D'autres se posent des questions sur le gouvernement et la mise en place du chantier de réhabilitation.
Pour Benjamin Cuellar, le directeur de l'Institut des droits de l'Homme de l'université d'Amérique Centrale, «le peu de transparence est préoccupant, parce que le gouvernement ne prend pas le relais d'une initiative de l'église et qu'il envoie des signaux contradictoires en poursuivant la répression, avec le danger d'une relance de la violence.» ( AFP PHOTO/ Jose CABEZAS)
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