"La population est livrée à elle-même" : les habitants d'Haïti luttent pour leur survie, au milieu des violences

La capitale Port-au-Prince est, depuis bientôt deux semaines, le théâtre d'affrontements violents entre les gangs et la police, alors que le Premier ministre a démissionné lundi. Sans port, ni aéroport, la population est coupée du monde.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une manifestation violente à Port-au-Prince pour demander la démission du Premier ministre en février 2024. (RICHARD PIERRIN / AFP)

Des milliers de criminels se sont échappés après l'attaque de deux prisons. Des lieux stratégiques comme le Palais national ou le commissariat central ont été pris d'assaut par les bandes armées. Des affrontements violents entre gangs et policiers durent depuis deux semaines. Et le Premier ministre désavoué a démissionné lundi 11 mars. Les semaines se suivent et l'enfer se prolonge en Haïti.

Face à cela, la population est "exsangue" selon Hervé Noël, journaliste pour la radio Kiskeya, qui émet depuis Port-au-Prince. "C'est une population pratiquement à genoux et les autorités sont absentes. Il n'y a pas de communication officielle depuis près de deux semaines. La population est livrée à elle-même."

"Haïti est pratiquement coupé du monde"

La situation a viré au chaos généralisé dans la capitale, privée depuis plusieurs jours de ses deux poumons économiques : l'aéroport, théâtre de combats et le port, livré aux bandes armées. "Avec les vols internationaux qui sont suspendus, Haïti est pratiquement coupé du monde. Les ports, qui sont maintenant sous le contrôle des gangs, sont pillés", se désole Hervé Noël.

Cette violence ne fait qu'aggraver une situation humanitaire déjà extrêmement difficile. "Je suis angoissé par la situation, admet Jean-Martin Boer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) sur l'île. Haïti dépend des importations pour 50% de son alimentation. La fermeture du port de Port-au-Prince est très inquiétante. Elle pourrait se traduire par une raréfaction des produits alimentaires, une hausse des prix. Il faut agir tout de suite, on ne peut plus attendre."

Les représentants des Nations unies alertent eux particulièrement sur la situation des femmes enceintes. Si la paralysie se poursuit, des milliers d'entre elles pourraient ne plus pouvoir accéder aux soins de santé essentiels et vitaux en cas de complications.

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