La coca ou la paix : le dilemme de la Colombie
Dans les montagnes du Cauca, les pourparlers entre le gouvernement et les FARC consacrés au trafic de drogue sont au point mort.
Un jeune agriculteur de Corinto l'explique ainsi : «Tant qu'on n'aura pas réglé le problème de la pauvreté, on continuera à planter de la coca et de la marijuana.» Les comptes sont vite faits : un kilo de coca lui rapporte deux dollars, soit quatre fois plus qu'un kilo de maïs. Des tarifs pourtant loin des prix de la cocaïne (fabriquée à partir de cette plante) dont la Colombie est l'un des premiers exportateurs mondiaux. «Le dialogue de la paix me fait peur. Que va -t-il se passer s'ils viennent tout nous arracher?»
Près de là, un vieux paysan cultive du café et de la marijuana. «Ce qui compte, ce n'est pas ce qui va sortir de leurs soi-disant négociations, mais les cours du café. S'ils baissent, on plantera plus de marijuana.»
Pour Onfa Rojas, présidente de la réserve paysanne de Corinto, une éradication brutale de la coca aboutirait à une «décomposition sociale» . «Le but du gouvernement est de nous chasser pour faire venir les multinationales.» Beaucoup de paysans comptent sur les FARC pour les protéger. On va se défendre et les guérilleros avec nous. Ils sont partout dans la montagne», promet un jeune agriculteur.
Malgré les messages de l'armée lancés sur la radio locale appelant la population à dénoncer les rebelles, les graffitis et les autocollants à la gloire des FARC pullulent sur la route du Cauca. Un guerillero, chef d'une unité des FARC dans la région, assure qu'il continuera à veiller sur les paysans. La rébellion prône une «légalisation de la coca ou des produits de substitution».
Enfin, le plus grand paradoxe de la Colombie vient de la «connivence» secrète entre l'armée et la rébellion. Chacune touche des dividendes sur la coca. Une raison pour laquelle les cultures illicites continuent de prospérer, au vu et au su de tout le monde.
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