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Guatemala: pauvreté et violence, les plaies à combattre

Le Guatemala a subi une série de catastrophes climatiques qui a détruit nombre d'infrastructures et aggravé une pauvreté déjà importante. Afin de lutter contre la violence des gangs, le président Otto Perez, récemment élu, a ouvert un débat sur la dépénalisation de la drogue.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un soldat en faction, à Mixco, à 20 km de Guatemala City (AFP/JOHAN ORDONEZ)

D'une manière générale, 54% des Gualtémaltèques vivent sous le seuil de la pauvreté, ce taux atteignant 80% pour les populations indigènes (42% étant d’origine maya).

Les premiers à être victimes de la précarité économique sont les enfants. 11, 3 million d‘entre eux souffrent de malnutrition chronique, soit 49,3% de la classe d’âge, indique l’Unicef


Une nature pernicieuse
Une partie des problèmes qui affaiblissent le pays sont liés à une nature hostile. Le Guatemala, touché par le réchauffement climatique, connaît une profusion de catastrophes : éruptions volcaniques, tornades et glissements de terrain, qui mettent à mal des infrastructures vitales.


Chaîne humaine contre la violence domestique
 


(NTDTV, le 23/01/2012)


Les indigènes attendent des gestes pertinents
Le président conservateur élu en novembre 2011, Otto Perez, entend restaurer les finances du pays et lutter contre la pauvreté. Pour ce faire, il compte sur l’application d’une des dispositions des accords de paix signés en 1996, au terme de 36 ans de guerre civile : le fait que la justice sociale et la reconnaissance de l’identité des peuples indigènes doivent être encouragés. Otto Perez souhaite relancer ces accords, en favorisant «les zones rurales et les populations indigènes».

Certains ne sont pas convaincus par cette initiative. Lors des récentes élections, nombre de citoyens ont fait part de leur désillusion face aux promesses du pouvoir, notamment au sein de la communauté indienne.


Droits de l'Homme: Perez embarrassé
Les accords qui ont mis fin à la guerre comprennent une disposition sur les violations des droits de l’Homme et sur la recherche de la vérité. 200.000 personnes sont mortes ou ont disparu entre 1963 et 1996, selon l’Onu. Otto Perez, un ancien général qui a pris part au conflit au sein des forces loyalistes et a co-signé l’accord, se trouve dans une position délicate. Aux dires de plusieurs ONG, il serait responsable d’exactions dans la mesure où il a commandé certaines unités réputées pour leur violence. Lui dément toute implication.

Pour sa part, un tribunal guatémaltèque a refusé d’amnistier l’ex-dictateur Efrain Rios Montt (1982-1983), âgé de 85 ans, inculpé en janvier pour génocide «pendant la guerre civile». Pour le tribunal, le crime de génocide n’est pas amnistiable. Si Montt est jugé, il serait le premier responsable poursuivi dans cette affaire. La justice a aussi condamné à 4 ans de prison des paramilitaires qui ont tué 256 Indiens soupçonnés d’avoir soutenu la guérilla.


Une violence quotidienne
Dans ce pays peu industrialisé, et où 8% d’exploitants contrôlent 78% des terres agricoles, de nombreux gangs de jeunes, les «maras», font régner la terreur. Cette criminalité a entraîné la mort de 5.618 personnes en 2011, soit 15,39 tués par jour contre 19 en 2010 pour 14 millions d’habitants. Le Guatemala a l’un des taux d’homicide les plus élevés du continent. Otto Perez s’est engagé à le faire baisser.


Dépénaliser la drogue: l'idée iconoclaste de Perez
Est-ce pour affaiblir les gangs que le président guatémaltèque a lancé l’idée d’une dépénalisation de la drogue ? En Europe, la «décriminalisation», expérimentée aux Pays-Bas ou au Portugal, ont eu un effet positif, selon les autorités. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, elle a rencontré l’incompréhension de presque tous les pays, emmenés par les Etats-Unis. Otto Perez indique vouloir «ouvrir la dialogue», estimant que la guerre ouverte contre le trafic de drogue a été un échec sanglant, alors que Washington indique que 90% de la drogue à destination des Etats-Unis transite par l’Amérique centrale.

Le président gualtémaltèque compte sur le sommet des Amériques, à Bogota, les 14 et 15 avril, pour discuter du fléau et des moyens pour le combattre. Pour l’heure, seuls le Honduras et le Salvador sont d’accord pour en parler.

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