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Récit 2h02 du matin au Pulse club d'Orlando : la musique latino, les stroboscopes puis soudain, les tirs en rafale

Une fusillade a éclaté dans une discothèque gay d'Orlando, faisant 49 morts et 53 blessés. Il s'agit de la plus grave tuerie de l'histoire des Etats-Unis.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La police aux abords du Pulse, un club gay d'Orlando (Floride), théâtre de la fusillade la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis, le 12 juin 2016. (PHELAN M. EBENHACK / AP / SIPA)

La nuit est tombée sur Orlando. Ce samedi 11 juin, comme tous les week-ends, des centaines de fêtards ont investi le Pulse club. Dans cette discothèque gay – la plus célèbre de Floride –, l'ambiance est torride. Au programme ? Salsa, reggaeton... Une soirée latino haute en couleur, sexy et tapageuse, comme les clients du Pulse en raffolent.

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En quelques années, le Pulse est devenu une institution dans la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et trans). Issue d'une famille italo-américaine, Barbara Poma l'a fondé en 2004, pour rendre hommage à son frère John, mort en 1991 du sida. Avec sa volonté de "réveiller les consciences" sur la cause des personnes LGBT, Barbara Poma a fait du Pulse "le club le plus chaud d'Orlando", comme le revendique son site internet, et l'un des plus importants des Etats-Unis.  

Minuit. Un show latino endiablé

Il est un peu plus de minuit dans la discothèque. La fête bat son plein. Venue avec sa petite amie, Rosie Feba découvre pour la première fois le Pulse et son ambiance endiablée. Tee-shirt blanc et casquette noire sur la tête, Jaldy Morales, un jeune de 23 ans, a sorti son téléphone mobile et s'est connecté à Periscope pour diffuser en direct des images de la soirée.

Jeux de lumière, stroboscopes et musique "caliente"... Sur la scène, la danseuse Kenya Michaels fait le show. Un peu plus tôt dans la journée, cette drag-queen originaire de Porto Rico et habituée du Pulse a donné rendez-vous à ses fans via sa page Facebook. Le public rit, danse, applaudit, s'amuse et en redemande. Jaldy est au premier rang.

Son Periscope est toujours en cours. Kenya Michaels s'empare de son smartphone et danse quelques instants en se filmant façon selfie, avant de rendre à Jaldy son téléphone. "Thank you guys ! Byyyye !" lance le jeune homme aux spectateurs qui suivent sa vidéo en direct depuis 35 minutes, avant de clôturer la diffusion. Dans la chaleur du Pulse, la soirée n'est pas terminée, mais l'heure de la fermeture approche. La boîte de nuit est censée fermer ses portes vers 2h30 du matin, c'est-à-dire dans une trentaine de minutes.

2h02. Les premiers tirs retentissent

Il est exactement 2h02. Au bar, Christopher Hanson commande un dernier verre. Soudain, des bruits retentissent. Tout le monde ne le réalise pas instantanément, mais un tireur, muni d'un fusil d'assaut semi-automatique AR-15 et d'une arme de poing, vient d'ouvrir le feu dans la discothèque. Kenneth Melendez est avec ses amis. "J'ai d'abord cru que c'était de la musique", raconte-t-il à l'Orlando Sentinel. Le jeune homme se met à courir et voit alors quelqu'un saigner au bras. "Je me suis dit que c'était bel et bien une fusillade et j'ai continué à courir", raconte-t-il.

Au bar, Christopher n'aperçoit aucun homme armé. Mais voit des corps tomber. Lui-même à terre, il rampe pour sortir. "Les gens essayaient de sortir par derrière. Quand je suis arrivé dans la rue, il y avait du monde, du sang partout", témoigne-t-il sur CNN. Ricardo Negron, lui aussi, se trouve à l'intérieur. "Quelqu'un a commencé à tirer. Les gens se sont jetés sur le sol." Les coups de feu, ininterrompus, se succèdent durant de longues secondes. Profitant d'une "courte pause dans les tirs", Ricardo parvient à se lever et à "sortir en courant vers l'arrière" de l'établissement.

"Les tirs suivaient le rythme de la musique", témoigne un rescapé
"Les tirs suivaient le rythme de la musique", témoigne un rescapé "Les tirs suivaient le rythme de la musique", témoigne un rescapé (FRANCE 3)

A 2h07, une jeune fille de 18 ans présente dans le club avec deux de ses cousines envoie un texto à sa mère. "Viens nous chercher. Viens nous chercher. Ils sont en train de tirer. Ils sont en train de tirer." Deux minutes plus tard, à 2h09, le Pulse club poste ce bref message sur sa page Facebook : "Sortez tous du Pulse et continuez à courir."

Enfermés dans les toilettes, des clients appellent le 911, le numéro de la police. Parmi eux, Brandon Wolf. Il n'avait pas très envie de sortir ce soir. C'est un ami qui a insisté, et l'a finalement convaincu. Les deux amis en sont persuadés : si les coups de feu se font de plus en plus forts, c'est que le tireur s'approche d'eux. Brandon et son ami décident alors de fuir en courant. Ils auront la vie sauve. 

5 heures du matin. La police donne l'assaut

Lorsque les premiers policiers arrivent sur les lieux, ils comprennent qu'un véritable massacre est en train d'être perpétré et découvrent de nombreux corps ensanglantés. Le tireur est toujours retranché à l'intérieur de la discothèque, et retient encore de nombreuses personnes. La police évoque "une prise d'otages".

Vers 5 heures du matin, les troupes d'élite locales (SWAT) décident finalement de donner l'assaut. Deux explosions retentissent. Les vitres volent en éclats. Neuf policiers pénètrent dans la discothèque. Le suspect, Omar Mateen, un citoyen américain d'origine afghane né en 1986 et vivant à 200 km d'Orlando, tente d'abord de résister. Il tire. Un policier, atteint à la tête, doit sa vie à son casque en kevlar. Omar Mateen, lui, est finalement abattu.

Le bilan est dramatique : au moins 50 personnes ont été abattues, et 53 autres, blessées, ont été emmenées à l'hôpital. Omar Mateen vient de perpétrer la pire tuerie de masse de l'histoire des Etats-Unis

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