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Fusillade d'Orlando : "Sept minutes, c'est le temps qu'il m'a fallu pour acheter un fusil semi-automatique"

Helen Ubinas, journaliste à Philadelphie, a tenté d'acheter une arme. Le processus a été plus facile que ce qu'elle imaginait.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran du compte Twitter de la journaliste Helen Ubinas, qui a fait l'expérience d'acheter une arme à Philadelphie (Pennsylvanie), lundi 13 juin 2016. (HELEN UBINAS / TWITTER)

Sept minutes. C'est le temps nécessaire pour se procurer un fusil d'assaut aux Etats-Unis, d'après une journaliste. Helen Ubinas, rédactrice pour le Philly Daily News, un site local d'information à Philadelphie (Pennsylvanie), a décidé de faire une expérience, lundi 13 juin : "Acheter un AR-15, le fusil semi-automatique utilisé dans la pire fusillade de masse de ces dernières années aux Etats-Unis", explique-t-elle dans sa tribune (en anglais).

"Il faudra sûrement plus de temps pour lire, lors de la prochaine veillée, les noms des plus de 100 morts et blessés, regrette Helen. S'il n'était pas si facile de se procurer une arme dans ce pays, le tireur qui a perpétré une véritable fureur meurtrière dans la boîte gay d'Orlando, dimanche, n'aurait pas été capable d'acheter l'arme qu'il a utilisée pour tuer 49 personnes et en blessé 53."

700 euros pour se procurer une mitraillette

Helen Ubinas s'est donc rendue, lundi 13 juin dans l'après-midi, dans un magasin d'armes de Philadelphie. "Et si on me demandait, un jour après le massacre, pourquoi je veux acheter la même arme utilisée pour abattre ces gens au Pulse d'Orlando ?", s'interroge-t-elle. Mais il n'en fût rien. Alors que la journaliste avait imaginé toute une série de raisons à son achat, sa réponse a été toute trouvée : l'AR-15 était en effet présenté en vitrine comme l'"arme de la semaine".

Après deux questions sur son identité et sa nationalité, le vendeur a tendu des papiers à la journaliste. Une page et demie à remplir seulement. "J'ai rempli plus de papiers dans le cabinet de mon médecin pour un bilan de routine que ce lundi après-midi", dénonce-t-elle. Helen Ubinas a finalement obtenu l'arme pour un peu plus de 700 euros.

Une arme plus compliquée à rendre qu'à acheter

Elle précise qu'elle n'a pas eu besoin d'un permis de port d'arme recouvert, avant de souligner qu'aucun entraînement ne lui a été imposé. La seule question méfiante lui a été posée par un autre client, de manière ironique : "C'est pour l'arme, hein, pas pour du terrorisme islamique?" lui a-t-on demandé. Après quelques minutes, la journaliste a pu sortir du magasin avec son large carton.

"Je ne savais pas quoi faire avec l'arme. Je n'en voulais pas, mais je ne la voulais pas non plus dans les mains de quelqu'un d'autre", explique Helen Ubinas. Elle s'est donc rendue à un office de police pour donner l'arme. "La procédure m'a pris plus longtemps que pour l'acheter", écrit-elle avant de conclure : "Alors que nous pleurons les morts, pleurons aussi pour la perte de toute humanité dans notre pays. Et que ça nous prenne plus que sept minutes."

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