"Expédition 5 300" : depuis la ville la plus haute du monde, des chercheurs français étudient les "mécanismes d'adaptation" des habitants
Pour la cinquième année consécutive, des chercheurs et praticiens rhônalpins se sont installés à La Rinconada, ville péruvienne de 50 000 habitants à 5 300 mètres d'altitude.
Ils sont de retour dans la ville la plus haute du monde. Pour la cinquième année consécutive, des chercheurs et praticiens rhônalpins se sont installés à La Rinconada, ville péruvienne de 50 000 habitants dans le cadre de "l’Expédition 5 300". Ils vont poursuivre leurs travaux sur les conséquences de la très haute altitude sur le corps humain, en se concentrant notamment cette année sur les questions ophtalmiques.
À 5 300 mètres d’altitude sur cet Altiplano péruvien dominé par les glaciers de la Cordillère des Andes, le soleil est le risque principal pour les yeux. "Il y a beaucoup plus d'ultraviolets qui peuvent être dangereux pour les yeux, explique Aymeric Paillisser, ophtalmologiste qui exerce d’habitude au CHU de Grenoble. "Cela peut augmenter les cataractes. Mais surtout, on a une fréquence de quasiment 100% de ptérygions, c'est-à-dire que pour se protéger des ultraviolets, la sclérotique, le blanc de l'œil, va progressivement recouvrir la cornée, qui est la partie transparente. Cela va créer un astigmatisme, c'est à dire que cela va baisser la vision."
Un sang très chargé en globules rouges
Pour ce médecin, comme pour le reste de l’équipe, les objectifs de l’"Expédition 5 300" sont doubles : étudier l’adaptation physique de ces habitants à ces très hautes altitudes, mais aussi apporter des soins à ceux qui souffrent de cette exposition permanente à un milieu où l’élément principal est le manque criant d’oxygène. C'est ce qu'explique Samuel Vergès, responsable de cette mission et directeur de recherche à l’INSERM : "Les 50 000 habitants de La Rinconada ont des quantités de globules rouges, les cellules qui permettent de transporter l'oxygène dans le sang. Mais cette quantité très importante de globules rouges rend le sang très visqueux, quasiment pâteux. Il a donc du mal à circuler dans les vaisseaux, le coeur force."
"Des organes vitaux, comme le cerveau, sont mal irrigués et c'est cela qui développe ce qu'on appelle le mal chronique des montagnes."
Samuel Vergès,à franceinfo
Samuel Vergès et son équipe n’échappent pas aux conséquences de cet environnement hostile, au point de devenir eux-mêmes objets de recherche. "Un des enjeux de la mission de cette année est d'effectuer des mesures sur notre équipe de chercheurs, issue de plaines, pour voir jusqu'où nous arrivons en termes d'adaptation, décrit le chercheur. Ce que nous pouvons dire, c'est qu'au bout de quelques semaines d'acclimatation, on est très, très loin de ce que les habitants ont pu développer comme mécanismes d'adaptation depuis des milliers d'années."
Ce manque d’adaptation se traduit par une usure physique rapide qui oblige l’équipe à limiter à un mois son travail sur place, avant de poursuivre les recherches en laboratoire, à des altitudes plus clémentes.
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