Etats-Unis : la SNCF menacée de perdre un contrat pour son rôle dans la Shoah
Deux élus américains veulent restreindre l'accès de la compagnie aux marchés publics si elle n'indemnise pas survivants et familles de déportés.
Pas question d'envisager un contrat tant que les survivants et les familles de déportés n'auront pas été indemnisés. Deux élus du Maryland, sur la côte est des Etats-Unis, ont annoncé, mardi 4 février, un projet de loi restreignant l'accès de la SNCF aux marchés publics tant que l'entreprise française n'aura pas versé d'indemnités pour son implication dans la déportation des Juifs.
"Le refus persistant de la SNCF d'assumer sa responsabilité pour son rôle dans l'Holocauste reste une insulte pour ses victimes", a estimé l'une des auteurs de la proposition de loi, Joan Carter Conway.
A l'origine, une pétition
Filiale américaine de la SNCF, Keolis America est candidate à un appel d'offres pour un contrat de 6 milliards de dollars portant sur la création et l'exploitation d'une ligne ferroviaire dans l'Etat. Les deux élus s'appuient sur une pétition lancée sur internet par un ancien déporté, qui a recueilli plus de 50 000 signatures.
Le président de SNCF America a indiqué que la compagnie se livrerait à une "lecture critique" de cette proposition de loi afin de détecter une " éventuelle discrimination" dont elle serait victime en comparaison aux autres entreprises engagées dans cet appel d'offres.
La compagnie déjà mise en cause outre-Atlantique
Réquisitionnée par le régime de Vichy, la SNCF a déporté 76 000 Juifs de France dans des wagons de marchandises à travers le pays et vers les camps d'extermination entre 1942 et 1944. En 2011, le groupe a reconnu avoir été un "rouage de la machine nazie d'extermination" mais a, jusque-là, refusé toute indemnisation systématique des survivants et familles d'anciens déportés.
La SNCF a déjà fait face à d'autres actions aux Etats-Unis. En août, des élus du Congrès américain ont déposé un projet de loi pour autoriser des poursuites contre la compagnie, après un précédent texte infructueux. Fin 2010, le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, avait également dû présenter des excuses en Floride, où la compagnie espérait remporter un vaste contrat, abandonné depuis.
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