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Dora, 91 ans : "Pendant la Grande Dépression, le rêve américain était encore là"

Enseignante à la retraite dans le New Jersey, Dora juge que Barack Obama ne mène pas son pays dans la bonne direction, et votera pour Mitt Romney.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dora, 91 ans, à Emerson, dans le New Jersey (Etats-Unis), le 19 octobre 2012. (MARION SOLLETTY / FRANCETV INFO)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Dora (son prénom a été modifié) flotte un peu dans son petit pull rose, mais à 91 ans, la vieille dame à la coiffure soignée a les idées bien en place. Enseignante à la retraite, elle a connu la Grande Dépression des années 1930, la guerre et les Trente Glorieuses, mais l'Amérique d'aujourd'hui lui paraît beaucoup plus sombre que celle de sa jeunesse. 

Elle s'inquiète pour l'avenir des jeunes et trouve que Barack Obama "ne va pas dans la bonne direction". Le 6 novembre, elle votera pour Mitt Romney, plus proche de ses valeurs. Après Beverly, barmaid ou encore Alantrader, elle confie à francetv info les raisons de son choix. 

Sa vie en 2008

Dora a pris sa retraite en 1989 et a l'impression "que c'était il y a une éternité". Elle m'accueille dans sa petite maison au décor fleuri, nichée dans une banlieue proprette du New Jersey. Elle a placé dans des petites soucoupes en porcelaine des crackers, du fromage et du raisin, et insiste pour mettre en fond un air d'opéra de Pavarotti.

L'ex-enseignante est une retraitée très active : outre son implication dans une paroisse catholique, elle anime un groupe de lecture et s'occupe d'un programme d'enseignement de l'anglais aux immigrants à la bibliothèque municipale. Ses revenus sont stables. "Je fais partie des privilégiés. J'étais enseignante, j'ai une retraite."

Dora a néanmoins constaté les effets de la crise de 2008 sur sa communauté. "Nous avons perdu foi en l'avenir, c'est si triste." Rien de commun, pour elle, avec la récession des années 1930, pourtant dévastatrice. La différence ? "Le rêve américain était toujours là. L'idée que si vous travailliez dur, vous arriveriez quelque part, c'était très fort."

Sa vie en 2012

Sur le plan personnel, la vie de Dora n'a pas beaucoup changé en quatre ans. Mais "mes peurs, elles, ont changé", explique-t-elle. "Celles de voir le pays aller dans la mauvaise direction." La mauvaise direction, c'est un rôle accru du gouvernement et des aides sociales qui dépassent leur juste niveau. "Personne ne devrait mourir de faim ou être gravement malade sans pouvoir recevoir de soins, mais il faut un juste équilibre."

Ses parents sont venus d'Italie enfants avec leur famille. Son père, arrivé aux Etats-Unis à 12 ans, a travaillé dans une fabrique de parapluies, puis dans l'import-export, avant de tenir une cave à vin. "Pour cette génération, le pire qui pouvait vous arriver était de dépendre des aides sociales. C'était une honte, une disgrâce, vous deviez en sortir le plus vite possible !"  

Et la présidence Obama dans tout ça ?

La vieille dame juge que la société d'aujourd'hui a perdu de vue ces valeurs fondamentales, et que l'administration Obama en est en partie responsable. "Quand un gouvernement croit savoir mieux que vous ce dont vous avez besoin et ce que vous devez faire, vous dit qu'il s'occupe de tout… Pour moi, c'est le début du socialisme, du communisme, ça m'effraie."

Retraitée, Dora est assurée sous le programme Medicare, l'assurance maladie des plus de 65 ans très discutée pendant la campagne, mais réprouve ce qu'elle considère comme des effets pervers du système. "Les médecins me prescrivent des examens dont je n'ai pas vraiment besoin et me disent 'Mais ne vous inquiétez pas, vous ne payez rien !'. Autrement dit, ils ne les auraient pas recommandés dans le cas contraire. Il y a beaucoup de gaspillage", déplore-t-elle en sirotant sagement une tasse de thé.

"Obamacare", la réforme de santé mise en place par Barack Obama, lui déplaît : elle cite notamment ces "panels" de médecins qui décideraient des soins pertinents à apporter aux patients – en réalité, une invention des ultra-conservateurs totalement absente de la loi, note le New York Times (en anglais), mais qui a marqué les esprits.

Le 6 novembre, elle votera pour Mitt Romney, comme elle a voté pour John McCain en 2008 et George W. Bush avant lui. "Le programme des républicains est plus proche de ce en quoi je crois. Non qu'il soient parfaits…"

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