Défaut de paiement de l'Argentine : qu'est-ce qu'un "fonds vautour" ?
Les "fonds vautours" profitent de la faiblesse d'un Etat pour racheter des titres de dette à prix cassés. Et réclamer ensuite 100% de leur valeur initiale aux Etats.
L'Argentine se retrouve potentiellement, jeudi 31 juillet, en situation de défaut de paiement, sous la pression de "fonds vautours". Mais que signifie ce terme abondamment utilisé pour rendre compte de l'impasse dans laquelle se retrouve Buenos Aires ?
Selon le lexique financier du site des Echos, un fonds vautour est "un fonds d'investissement qui rachète la dette d'entreprises [ou d'Etats] en difficulté (...) profitant de prix très bas des titres". Quelques années plus tard, lorsque le pays en question s'est redressé, il exige le remboursement de la valeur faciale initiale des titres, majorée des intérêts. Une démarche très juteuse et, quoique immorale, pas illégale.
Une cinquantaine de "fonds vautours" dans le monde
Dans le cas de l'Argentine, deux créanciers, NML Capital et Aurelius Capital Management, ont refusé toute restructuration de la dette du pays. Alors que 93% des porteurs de titres avaient accepté, en 2005 et 2010, de réduire de 70% la valeur de leurs bons du Trésor, les deux "fonds vautours" ont exigé en justice le versement de l'intégralité des sommes dues, soit 1,33 milliard de dollars. La justice américaine leur a donné raison.
Selon Libération, le monde compterait une cinquantaine de fonds vautours, implantés aux Etats-Unis, notamment dans le Delaware, ou dans des paradis fiscaux garantissant l'anonymat de leurs actionnaires.
Une stratégie bien huilée
Leur stratégie est toujours la même, détaille Libé. Lorsqu'un pays est en difficulté financière, le cours des obligations s'effondre. Une restructuration de la dette est inévitable : le gouvernement du pays en difficulté demande à ses créanciers d'accepter une décote de leur créance et un différé de remboursement. La plupart acceptent, mais d'autres cèdent aux sirènes des "fonds vautours". Ces derniers rachètent les titres à prix cassés, mais immédiatement. Après quoi les "fonds vautours", épaulés par des hordes d'analystes financiers et d'avocats, réclament le remboursement de 100% de la créance au pays.
Avant l'Argentine, la République démocratique du Congo, le Pérou et la Zambie ont déjà fait les frais, depuis le début des années 2000, de l'appétit de ces fonds. A chaque fois, ces derniers ont obtenu gain de cause.
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