Colombie : les plus anciens otages des Farc retrouvent la liberté
Ces dix militaires et policiers avaient passé entre douze et quatorze ans en captivité. Leur libération pourrait être un tournant pour la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc).
Douze à quatorze ans de captivité. Les dix hommes libérés par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc), lundi 2 avril, étaient les plus anciens otages de Colombie. Ils ont été remis à une mission humanitaire venue les chercher en hélicoptère au cœur de la jungle.
Qui sont les otages libérés ?
Six policiers et quatre militaires, vêtus de leurs uniformes, sont apparus le visage éprouvé mais souriant, sur le tarmac de l'aéroport de Villavicencio, à 110 km au sud de Bogota. A leur sortie de l'hélicoptère, prêté par l'armée brésilienne au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et au collectif civil Colombiens pour la paix, ils ont été pris en charge par une équipe médicale et transférés dans la capitale pour des examens complets.
Leurs familles les attendaient dans un salon privé. Au micro de la radio RCN, José Libardo Forero, sergent de la police capturé en 1999, a décrit les retrouvailles : "Une fille de 4 ans que j'avais laissée et que je ne reconnais plus. Mon papa avec plein de cheveux blancs. Ma mère n'a pas changé, elle est faite en chêne. Et mon épouse qui est encore plus belle qu'avant."
Les Farc sont-ils prêts à faire la paix ?
Dix ans après l'échec de négociations avec le gouvernement, cette libération de policiers et militaires pourrait constituer un tournant pour les Farc, qui ont toujours considéré ces otages comme une monnaie d'échange contre des rebelles emprisonnés.
L'ex-sénatrice Cordoba, à la tête du collectif "Colombiens pour la paix", dont la médiation avec l'aide du Brésil a déjà permis la libération d'une vingtaine d'otages, a appelé le gouvernement à trouver une "solution politique et négociée vers la paix", affirmant relayer un message des Farc. "Il est très important de noter que nous avons bouclé un chapitre", a-t-elle souligné.
Le groupe rebelle a déclaré en février avoir renoncé à la pratique des enlèvements contre rançon, qui assuraient une partie de son financement, appelant à faire le "pari de la paix".
Toutefois, le président colombien Juan Manuel Santos a réaffirmé que cet engagement était "un pas dans la bonne direction, mais comme nous l'avons dit au moment de leur annonce, cela n'est pas suffisant". Il a appelé à la libération de tous les civils. Le gouvernement exige aussi, en préalable à tout dialogue, l'arrêt du recrutement d'adolescents mineurs dans les rangs des Farc et la fin définitive des attaques ou des attentats. Ceux-ci ont connu une recrudescence dans le pays ces derniers mois.
Combien reste-t-il d'otages ?
Difficile de le savoir. Le groupe rebelle détiendrait encore plus d'une centaine de personnes séquestrées, selon des associations colombiennes. Interrogée sur cette question, l'ex-sénatrice Cordoba a reconnu qu'il fallait "créer des instruments et mécanismes pour savoir quels sont les vrais chiffres".
"Nous allons œuvrer pour les personnes disparues, insister pour qu'elle retrouvent leurs proches", a ajouté l'ex-élue de gauche, déchue de son mandat en raison de ses liens présumés avec les Farc.
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