Colombie : l'armée mobilisée dans les rues de Cali, où les manifestations ont fait au moins dix morts vendredi
Plus de cinquante personnes sont mortes depuis le début du mouvement de contestation sociale dans le pays, selon les autorités.
La colère sociale gronde depuis un mois en Colombie. Le président Ivan Duque a ordonné le déploiement de l'armée dans les rues de Cali, épicentre de manifestations qui ont encore fait dix morts dans la journée, vendredi 28 mai. Ce "déploiement maximal de l'assistance militaire à la police nationale" a été annoncé par le dirigeant à l'issue d'un conseil de sécurité dans cette ville de 2,2 millions d'habitants, la troisième du pays.
Ces nouveaux décès portent à 56 le nombre de morts, dont 2 policiers, répertoriés par les autorités, qui dénombrent également quelque 2 000 personnes blessées et 123 portées disparues.
Une jeunesse appauvrie par l'épidémie
Cette révolte sans précédent secoue les grandes villes colombiennes, où sont érigées des barricades et des blocages d'axes routiers qui provoquent des pénuries et exaspèrent une partie de la population. Ces violences interviennent un mois exactement après le soulèvement du 28 avril contre un projet de réforme fiscale, vite abandonné, qui visait à augmenter la TVA et à élargir la base de l'impôt sur le revenu. Le gouvernement, malgré des médiateurs chargés de négocier avec le Comité national de grève, initiateur du mouvement, est incapable de désactiver une crise qui, pour l'instant, ne menace pas de le renverser.
Ces événements ont surtout révélé, selon les analystes, la colère d'une jeunesse politisée et appauvrie par l'épidémie de Covid-19. En 2019, un an après l'élection d'Ivan Duque, les étudiants étaient descendus dans la rue pour réclamer un meilleur enseignement public, gratuit, des emplois, un Etat et une société plus solidaires. La pauvreté atteint désormais 42,5% des 50 millions d'habitants. L'impopularité d'Ivan Duque, qui doit quitter ses fonctions en 2022, semble jouer en faveur de la gauche, qui n'a jamais présidé le pays. Gustavo Petro, ancien maire de Bogota et ex-guérillero, est aujourd'hui en tête dans les sondages.
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