Chili : comment est mort le poète communiste Pablo Neruda ?
Des ouvriers ont commencé à ouvrir la crypte où repose le corps du prix Nobel de littérature, auprès de celui de sa troisième épouse Matilde Urrutia, sous la supervision du juge Mario Carroza, qui instruit l'affaire, et en présence d'avocats et d'une équipe de légistes. L'objectif est de savoir si le poète est mort d'un cancer ou a été assassiné par la junte arrivée au pouvoir.
Obsèques militantes
Pablo Neruda est mort le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili. Le coup d’Etat du général Pinochet avait eu lieu le 11. Les obsèques du poète, mort officiellement d’un cancer de la prostate, devint la première manifestation de protestation contre le régime militaire. Douze jours à peine après la mort du président Allende, on entend ainsi l’Internationale dans les rues de Santiago. L’armée toute puissante laisse faire la manifestation.
Des témoignages ont fait état d’un possible assassinat de Neruda et le parti communiste chilien a demandé en 2011 l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances exactes de sa mort.
A l’origine, Mario Carroza, le juge saisi par le parti communiste chilien, doutait de la thèse de l'assassinat. Mais l’enquête menée par la justice pendant deux ans a rendu l’exhumation nécessaire «à cause de toutes les interrogations et des doutes soulevés», a affirmé le magistrat à El Pais.
Diplomate et poète
Né en 1904 à Parral, au Chili, Neruda a fait sa carrière dans la diplomatie. En 1935, il est consul en Espagne où après le putsch de Franco il défend la République. Pour cela il est révoqué. En 1945, il devient membre du PC et sénateur. En 1953, il obtient le Prix Staline «pour la paix» et en 1955, en même temps que Pablo Picasso, le Prix international de la paix.
En 1957, il devient président de l'Union des écrivains chiliens. Le 21 octobre 1971, il est couronné prix Nobel de littérature et est acclamé à son retour au Chili. La gauche au pouvoir ne sait pas qu'elle n'a plus que deux ans devant elle. Pablo Neruda non plus.
A propos de son pays, Neruda écrivait :
«Dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître.»
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