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Argentine : Cristina Kirchner soigne son image auprès du pape François

Les visites au Vatican, puis au Brésil, de la présidente argentine Cristina Kirchner au pape François vont-elles avantager sa majorité à l'approche des élections législatives du 27 octobre 2013 ? Son parti, le Front pour la victoire (FPV), pourrait perdre la majorité au Congrès d'après les sondages et les dernières élections primaires d'août.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
La présidente d'Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, félicite le pape François, le 19 mars 2013, après sa messe d'inauguration au Vatican.  (OSSERVATORE ROMANO / AFP)

L'hospitalisation de Cristina Kirchner, 60 ans, opérée d'un hématome la tête le 8 octobre 2013, n'aura pas échappé à son ennemi d'hier, le pape François. Dans un message adressé, dès le lendemain, à la présidente, l'ex-cardinal de Buenos Aires lui a dit «prier pour (son) total rétablissement» l'assurant de sa «proximité». «Je demande à Notre Dame de Lujan qu'elle vous fortifie afin que (...) vous puissiez de nouveau vaquer à vos activités quotidiennes», ajoute le Saint-Père.

Déjà, leur première rencontre au Vatican, le 18 mars 2013, bien qu'informelle, n'était pas passée inaperçue. Toute la presse argentine l'avait alors relayée en une. La présidente avait offert au premier pape latino-américain un récipient à maté (une infusion locale), fabriqué par une coopérative sociale, et un poncho en laine de vigogne pour «se protéger du froid européen». En retour, Mme Kirchner avait reçu une rose blanche, un cadeau «intime», selon elle. «Jamais un pape ne m'avait embrassée», a-t-elle alors plaisanté.


La dirigeante argentine avait également raconté aux médias avoir trouvé l'ancien cardinal «serein, sûr de lui-même et en paix». «C'est notre pape, pas parce qu'il est argentin, mais parce qu'il est le pape de tous ceux qui partagent la foi catholique», avait-t-elle commenté. Le Vatican avait en revanche, très peu communiqué sur cette audience «privée» de 15 à 20 minutes, suivie d'un repas.

«Véritable chef de l'opposition»
Mais leur entente n'a pas toujours été aussi cordiale. Ces dernières années, ils se sont affrontés à maintes reprises, notamment sur le mariage homosexuel et la législation sur l’avortement. Le cardinal Bergoglio voyait dans le mariage homosexuel, légal en Argentine depuis juillet 2010, «une finalité destructrice du plan de Dieu». Son intransigeance était la même vis-à-vis du droit à l'avortement, dépénalisé en cas de viol. «Jamais une bonne solution», selon l'homme de foi. Ses prises de positions critiques, dans un contexte marqué par la réouverture de nombreux procès contre les responsables de la dictature, lui avaient valu d'être traité de «véritable chef de l'opposition» par l'ancien président de la République et mari de la présidente, Nestor Kirchner, mort en octobre 2010.

En août 2013, une affiche de campagne mettant en scène la présidente Kirchner en compagnie du souverain pontife avait fait polémique en Argentine. En pleine campagne pour les élections primaires, l'opposition avait accusé le pouvoir de tenter d'instrumentaliser l'image du pape. «Ne vous découragez jamais, ne laissez pas l'espoir s'éteindre», clamait cette affiche paraphrasant le successeur de Benoît XVI.

Une affiche du pape François avec la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner et le candidat Martin Insaurralde, à Buenos Aires. (STR / AFP)

Sur la photo controversée, François salue Cristina Kirchner et Martin Insaurralde, candidat du parti au pouvoir aux primaires du 11 août, sorte de ballon d'essai avant les législatives du 27 octobre 2013. Tous deux avaient rencontré le pape fin juillet lors de sa visite au Brésil à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse catholique.

Le vice-président visé par une enquête
Cristina Kirchner, 60 ans, a été élue en 2007 et réélue en 2011 pour un ultime mandat de quatre ans. Comme le prévoit la Constitution argentine, l’intérim est assuré par le vice-président Amado Boudou. Seulement, cet ancien économiste, visé par une enquête pour trafic d'influence, est, selon les observateurs, loin d’être un atout en pleine campagne pour les législatives. Le Front pour la victoire est en perte de vitesse mais la présidente, péroniste de centre gauche, espère conserver le contrôle du Parlement jusqu'à la fin de son mandat en 2015.

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