Amnesty International veut "lever le secret" sur les drones américains
Dans un rapport, l'organisation de défense des droits de l'homme appelle à rendre publiques les informations sur les frappes visant le Pakistan.
Les Etats-Unis doivent mettre fin au "secret" entourant leurs tirs meurtriers de drones au Pakistan et juger les responsables de ces frappes "illégales", plaide Amnesty International, mardi 22 octobre, dans un rapport d'une soixantaine de pages. Le Pakistan est la première cible de ces bombardements d'avions sans pilote visant en principe à éliminer les ennemis des Etats-Unis.
L'organisation de défense des droits de l'homme appelle notamment Washington à rendre publiques les informations sur ces tirs pour savoir s'ils respectent le droit international, ce qui pourrait être le cas, par exemple, s'ils visent à neutraliser une menace imminente pour les Etats-Unis. En mai dernier, Barack Obama avait annoncé la signature d'un mémorandum pour définir le cadre des frappes de drones.
Entre 2 000 et 4 700 morts depuis 2004
La publication de ce rapport intervient à la veille d'une rencontre à Washington avec le Premier ministre pakistanais, Nawaz Shari, où la question de ces tirs, officiellement dénoncés par le Pakistan, devrait être abordée.
Depuis 2004, entre 2 000 et 4 700 personnes, dont des centaines de civils, selon différentes évaluations, ont été tuées par plus de 300 tirs de drones américains dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, à la lisière de l'Afghanistan. Cette zone reste le principal bastion des talibans et d'autres groupes liés à Al-Qaïda.
L'ONG appelle à dédommager les familles
"Le secret entourant le programme des drones donne au gouvernement américain un droit de tuer supérieur aux tribunaux et aux normes fondamentales du droit international", soutient dans un communiqué Mustafa Qadri, analyste pour Amnesty International au Pakistan.
En s'appuyant sur des exemples, l'ONG appelle Washington à traduire en justice les responsables d'attaques illégales - en notant au passage que même les tirs de drone tuant uniquement des insurgés peuvent constituer des "exécutions extrajudiciaires" - et à offrir des compensations aux familles de victimes innocentes.
L'organisation s'en prend aussi aux "attaques contre les secours", c'est-à-dire lorsqu'un drone bombarde une deuxième fois la même zone alors que les proches des victimes du premier tir et des secouristes s'affairent sur place. Amnesty critique également "l'ambiguïté" du Pakistan, qui considère officiellement ces frappes comme des violations de sa souveraineté, mais juge en privé plusieurs d'entre elles "utiles".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.