Orpaillage en Guyane : les associations espèrent qu'Emmanuel Macron "ne pas va céder aux sirènes des industriels locaux", alerte l'ONG Wild Legal

En visite pour deux jours en Guyane, le président de la République doit notamment aborder la question de l'orpaillage ilégal.
Article rédigé par franceinfo
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Une ancienne mine d'or illégale en Guyane française est visible depuis les airs le 1er janvier 2024. (JODY AMIET / AFP)

"Nous espérons que le président ne va pas céder aux sirènes des industriels locaux qui réclament de pouvoir, dans des procédures accélérées, bénéficier de permis sur des zones détruites par les orpailleurs clandestins", a alerté lundi 25 mars Marine Calmet, fondatrice et présidente de l'ONG Wild Legal, un programme pour la transition écologique du droit et les droits de la nature, alors qu'Emmanuel Macron, en visite de deux jours en Guyane, doit notamment aborder la question de l'orpaillage illégal. Six associations, dont ONG Wild Legal, ont annoncé mercredi 17 janvier avoir déposé devant le tribunal administratif de Cayenne un recours contre l'Etat pour dénoncer ses "carences fautives" dans la lutte contre l'exploitation illégale de l'or en Guyane.

Marine Calmet rappelle que l'"exploitation durable" de l'or est "un dogme, un fantasme". "Il n'y a pas de mine d'or durable. L'or n'est pas renouvelable, et les conséquences environnementales des activités, minières, qu'elles soient légales ou illégales, sont toujours dramatiques pour la nature." Les associations estiment que l'exploitation légale de l'or agit comme "un aimant" pour les orpailleurs illégaux qui sont "attirés par les installations, les routes, l'électricité, amenées par les orpailleurs légaux". Selon la représentante d'ONG Wild Legal "des signaux" ont été "envoyés disant que c'est malheureusement la direction que pourraient prendre les annonces du président de la République"

L'opération Harpie, "un pansement sur une jambe de bois"

Lors de sa visite en Guyane, le chef de l'Etat doit faire le point sur l'opération Harpie, lancée en 2008, destinée à éradiquer l'orpaillage illégal. Pour Marine Calmet, cette opération "n'est pas suffisante" et la "stratégie est à revoir de fond en comble". Selon elle, "les estimations produites par le parc amazonien montrent une augmentation de 50% des sites en un an, des sites qui sont aujourd'hui implantés dans le parc amazonien, qui avaient pourtant pour but d'éliminer l'orpaillage illégal". Elle juge, comme "les spécialistes sur le terrain", que "la stratégie qui est mise en œuvre est un pansement sur une jambe de bois".

"Les orpailleurs contournent les barrages. Les habitants, qui réclament une protection de leur village, ne sont pas écoutés alors que cette protection est absolument nécessaire d'un point de vue humain." Marine Calmet appelle à "repenser la coopération, à la fois entre les forces armées, la Légion, les gestionnaires des milieux naturels". Et il faut "surtout faire en sorte que les citoyens et les citoyennes puissent participer activement à la gouvernance sur ce territoire, parce qu'ils sont les yeux et les oreilles du fleuve, de la forêt et qu'on ne les écoute malheureusement jamais", ajoute présidente de l'ONG Wild Legal. 

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