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Zimbabwe : les trois scénarios d'un départ de Robert Mugabe

Au pouvoir au Zimbabwe depuis 1980, le président a été désavoué par son parti qui l'a menacé de destitution s'il ne quittait pas d'ici au lundi 20 novembre la présidence du pays, auquel il s'accroche après un coup de force inédit de l'armée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, et son épouse Grace, à Prétoria en Afrique du Sud, le 24 mai 2014.  (SIPHIWE SIBEKO / AFP)

A Harare, la fin d'un règne se dessine. Au lendemain des manifestations de masse exigeant le départ de Robert Mugabe, le président zimbabwéen a été démis, dimanche 19 novembre, de ses fonctions à la tête de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, et exclu de ce même parti. Sa femme, la Première dame, Grace Mugabe, a, elle aussi, été évincée du parti lors d’une réunion d’urgence, laquelle s'est achevé par une célébration.

La Zanu-PF a lancé un ultimatum au "camarade Bob", qui, à 93 ans, s'accroche au pouvoir malgré le coup de force de l'armée de mercredi et le début de son assignation à résidence : il a jusqu'à lundi midi pour quitter la présidence du pays.

Voici les trois scénarios possibles dans les jours à venir. 

1Une démission dans la douceur

"Il doit démissionner de la présidence du Zimbabwe et s'il ne l'a pas fait d'ici à lundi midi (...), le président du Parlement" enclenchera la procédure de destitution, a déclaré sous les vivats le porte-parole de la Zanu-PF, Simon Khaya Moyo, à l'issue d'une réunion d'urgence du parti. Selon l'article 96 de la Constitution du Zimbabwe, le chef de l'Etat peut en effet présenter sa démission par lettre au président du Parlement, qui doit en faire état dans les vingt-quatre heures. Une solution rapide et simple qui n'a semble-t-il pas les faveurs de Robert Mugabe. Ainsi, pendant sa première rencontre jeudi avec le chef d'état-major de l'armée, le général Constentino Chiwenga, le "camarade Bob" avait déjà fermement refusé de démissionner.

Des manifestants réclament la démission de Robert Mugabe, samedi 18 novembre 2017, à Harare, au Zimbabwe.  (JEKESAI NJIKIZANA / AFP)

Par ailleurs, en cas de démission du président, la Constitution dispose qu'il est remplacé par le vice-président jusqu'à la tenue d'une nouvelle élection. Or, le candidat favori des militaires, Emmerson Mnangagwa, a été limogé de son poste de vice-président la semaine dernière. Une décision à l'origine de la crise actuelle. C'est donc l'autre vice-président, Phelekezela Mphoko, un proche de Grace Mugabe exclue dimanche du parti au pouvoir, qui hériterait de la présidence par intérim, ce que l'armée veut éviter.

Pour que le scénario de la démission se réalise, il faudrait donc obtenir au préalable de Robert Mugabe qu'il renomme Emmerson Mnangagwa, ce qu'il ne semble pas prêt à faire pour l'instant.

2Une destitution décidée par les parlementaires

L'Assemblée nationale et le Sénat peuvent engager, à la majorité simple des voix de leurs membres, une procédure de révocation du président pour "faute grave", "manquement à la Constitution", "violation délibérée de la Constitution" ou "incapacité"Une fois ce vote acquis, les deux chambres nomment une commission conjointe qui propose le vote d'une résolution de destitution qui doit être approuvée à la majorité des deux tiers, précise l'article 97 de la Loi fondamentale (lien PDF en anglais).

Les élus de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, a menacé d'enclencher la procédure si Mugabe ne démissionnait pas avant lundi 20 novembre midi. Et pour cause, l'immense majorité des élus de la Zanu-PF comme ceux de l'opposition semblent aujourd'hui favorables au départ du chef de l'Etat. 

Mais cette option, qui pourrait prendre du temps, ne garantit pas non plus à l'armée l'arrivée au pouvoir de son favori. Dans ce cas, selon l'article 101, le vice-président, en l'occurrence Phelekezela Mphoko, dirige le pays jusqu'à la fin du mandat prévu, c'est-à-dire jusqu'aux prochaines élections prévues en 2018. Comme dans la première hypothèse, il faudrait donc que Mugabe renomme Emmerson Mnangagwa pour que celui-ci prenne les rênes du pays.

3Le renversement par la force

Si Robert Mugabe refuse de céder, le seul scénario que pourront encore envisager les militaires est celui d'un renversement du chef d'Etat. Option la plus violente, elle ne semble satisfaire personne : l'Union africaine (UA) et l'Organisation régionale d'Afrique australe (SADC) ont clairement mis en garde l'armée contre toute velléité d'évincer Robert Mugabe sans autre forme de procès. Les généraux semblent avoir reçu le message et continuent à privilégier la voie du dialoguetout en mettant la pression sur le "camarade Bob", notamment en encourageant et en encadrant les manifestations populaires de samedi.

Dès la nuit de mardi à mercredi, l'armée a pris soin de mettre les formes pour que son coup de force garde des apparences légales. "Ce n'est pas un coup d'Etat militaire contre le gouvernement (...). Nous ne faisons que viser les criminels qui entourent" Robert Mugabe, avait souligné leur porte-parole, le général Sibusiso Moyo, lors de sa déclaration à la télévision nationale. 

L'armée tente de "le traiter avec respect et dignité", selon Anthoni van Nieuwkerk de l'université de Witwatersrand à Johannesburg, afin de mettre au plus vite un terme à ce coup de force militaire. L'affaire n'est pas cependant aisée. Le vieux Mugabe, âgé de 93 ans, a la réputation d'être coriace et un fin tacticien.

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