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Zimbabwe : "Pour le moment, on peut parler uniquement de tentative de coup d'Etat"

Une partie de l’armée, qui nie tout coup d’Etat, a pris le contrôle de la capitale, Harare, précisant que le président Mugabe restait au pouvoir. Le chercheur Thierry Vircoulon évoque une lutte pour la succession à la tête de l'Etat. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des soldats zimbabwéens, dans les rues d'Harare, le 15 novembre 2017.  (- / AFP)

Une partie de l'armée du Zimbabwe a fait irruption, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 novembre, à la télévision nationale. Les militaires ont annoncé qu'ils menaient une opération pour éliminer, selon elle, "les criminels" de l'entourage de Robert Mugabe affirmant que ce dernier était sain et sauf. Mercredi matin, ils contrôlaient les accès au Parlement et aux bureaux où se réunit le gouvernement. Thierry Vircoulon, chercheur associé au programme "Afrique subsaharienne" à l'Institut français des relations internationales (Ifri) évoque "une tentative de coup d'Etat"  liée à la lutte pour la succession du président, qui dirige le pays depuis 1980.

franceinfo : Que se passe-t-il au Zimbabwe, au vu des éléments dont nous disposons mercredi matin ?

Thierry Vircoulon : Pour le moment, on peut parler uniquement de tentative de coup d'Etat, parce qu'il n'y a pas encore eu de déclarations claires en provenance d'Harare [la capitale]. L'armée a pris le contrôle de la radio et de la télévision nationales. Donc on s'attend à ce qu'il y ait rapidement une déclaration. Ce qui se passe aujourd'hui est le résultat d'une lutte de pouvoir très brutale à l'intérieur du parti de Robert Mugabe, le Zanu-PF. Qu'il y ait cette intrusion de l'armée dans le jeu politique est le résultat direct du fait que le président du Zimbabwe ait éjecté sans autre forme de procès son vice-président Emmerson Mnangagwa très récemment, dans le cadre de la question de sa succession.

L'armée zimbabwéenne soutient-elle le vice-président évincé ?

Emmerson Mnangagwa a le soutien d'une partie de l'armée, au moins. On a vu dès lundi le chef de l'état-major faire une déclaration en [sa] faveur. Il s'est réfugié en Afrique du Sud, en disant que la purge à l'intérieur du Zanu-PF devait cesser et donnant un peu un ultimatum au président Mugabe. Donc c'est le camp d'Emmerson Mnangagwa, en la personne de l'armée, qui risque de peut-être déposer le président Mugabe. Ce sont tous les deux des vétérans de la lutte de libération. Et il semble que Robert Mugabe ait perdu le soutien d'une partie de l'armée - en tout cas de l'état-major - autour de cette question de sa succession. En éjectant Emmerson Mnangagwa, il voulait promouvoir, en tout cas ouvrir la voie à sa femme. Je crois qu'il y a beaucoup de dignitaires du parti au pouvoir qui ne voyaient pas d'un bon oeil la transformation du régime en monarchie familiale.

Mercredi, les soldats s'en prennent à des ministres, qu'ils accusent d'être à l'origine des souffrances économiques et sociales du Zimbabwe. C'est un pays qui souffre ?

C'est un pays qui est dans une situation d'économie de survie. Il est sous sanctions depuis le début de ce siècle et reçoit très peu d'aide internationale. Il fait l'objet aussi de sanctions économiques. La vie quotidienne des Zimbabwéens est absolument déplorable. Il n'y a plus de dollars à la banque centrale ou quasiment plus. Par conséquent, beaucoup de transactions ne peuvent pas se faire. Et il devient extrêmement difficile pour les Zimbabwéens de trouver de l'argent. Ils doivent faire la queue devant des banques pendant des heures pour retirer juste un peu d'argent, parce que la délivrance d'argent est rationnée.

Zimbabwe : "Pour le moment, on peut parler uniquement de tentative de coup d'Etat", Thierry Vircoulon (Ifri)

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