Zimbabwe : l'Union africaine résiste aux pressions
Dès son ouverture lundi, le sommet de l'UA, qui a accueilli Robert Mugabe en passant outre les appels de l'ONU, des Etats-Unis et de l’Europe à déclarer sa réélection illégitime, a penché pour une solution négociée entre le président zimbabwéen et son opposant Morgan Tsvangirai. Une résolution appelant à un "gouvernement d'unité nationale" à Harare a été adoptée. Conformément à sa tradition, l’UA, généralement hostile à des sanctions ciblant ses membres, a donc botté en touche.
Les débats a huis-clos ont pourtant été "très vifs et francs", le Sénégal et le Nigeria se montrant notamment très sévères avec M. Mugabe et dénonçant le déroulement du scrutin de la présidentielle au Zimbabwe. Le Botswana a même demandé l'exclusion d'Harare de l'organisation continentale et de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe).
Plus tôt, un porte-parole du président zimbabwéen avait envoyé l’Occident "se faire pendre" après ses pressions contre la réélection de Robert Mugabe à la tête du pays : "Qu’ils aillent se faire pendre (...) Ils n’ont aucun droit sur la politique zimbabwéenne", a ainsi déclaré George Charamba.
Les Etats-Unis ont rédigé un projet de résolution pour le Conseil de sécurité de l’ONU prévoyant des sanctions contre le Zimbabwe. Ce document, dont les Américains discutent avec leurs alliés avant de le présenter formellement, contient un embargo sur les armes à destination du Zimbabwe et des mesures contre certaines personnes, non identifiées, qui auraient entravé le processus démocratique dans le pays. De leur côté, les Européens se concertent sur "une palette" de mesures, incluant un durcissement des sanctions de l'Union européenne (UE) en vigueur. En outre, L'UE "n'acceptera pas" un gouvernement au Zimbabwe qui ne soit pas dirigé par Morgan Tsvangirai, a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner: "Le gouvernement est illégitime s'il n'est pas dirigé par le chef de l'opposition."
Robert Mugabe a été réélu vendredi lors d'un simulacre d'élection, son rival, Morgan Tsvangirai, qui était arrivé en tête du premier tour, ayant renoncé à participer au second tour en raison des violences.
Anne Jocteur Monrozier
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