Yémen : le président Saleh promet de démissionner
"Je ne veux pas le pouvoir et je l’abandonnerai dans les jours prochains". Après 33 ans de règne, Ali Abdallah Saleh s'apprêterait donc à démissionner. C’est en tout cas ce que le président yéménite a déclaré cet après-midi, lors d’une intervention télévisée. Le printemps arabe s'inviterait-il enfin à Sanaa ? Rien n'est moins sûr : Saleh refuse de laisser le pouvoir aux mains des opposants contre lesquels il s’est une fois de plus déchaîné, les accusant de vouloir "détruire le pays".
Dix mois de conflits
Ces déclarations interviennent après plusieurs mois d’affrontements violents entre les partisans de Saleh et l’opposition. En janvier, un vaste soulèvement populaire éclate. Pendant six mois, les opposants manifestent pacifiquement pour réclamer le départ du président. En vain. Face a la répression sanglante menée par le régime et l'échec des manifestations, une partie des opposants décide de prendre les armes.
Le 3 juin, les rebelles parviennent à bombarder le palais présidentiel. Grièvement blessé, Saleh quitte le pays deux jours plus tard pour aller se faire soigner en Arabie Saoudite. Les opposants jubilent. Leur répit sera pourtant de courte durée : le vice-président Abdel Rabbo Mansour Hadi prend immédiatement le pouvoir pour assurer l’intérim jusqu’au retour de Saleh. Un retour effectué il y a deux semaines, déclenchant une vague de violence dans tout le pays. En quelques jours, les affrontements font 200 morts.
Les opposants refusent d'y croire
Ce n’est pas la première fois depuis le début du soulèvement que le président affirme qu’il va quitter le pouvoir avant de se rétracter. Sur place, l'opposition accueille les propos du président avec beaucoup de scepticisme. "Nous ne croyons pas cet homme (...) il doit remettre le pouvoir qu'il a usurpé à la révolution. Nous poursuivrons notre révolution pacifique", a réagi Tawakkol Karman, la militante yéménite récompensée du prix Nobel de la paix vendredi dernier. Saleh de son côté a affirmé qu'il convoquerait le parlement dans les prochains jours, avant d'ajouter : "Il y a des hommes sincères, qu'ils soient militaires ou civils capables de gouverner le Yémen". En clair : si la passation de pouvoir se concrétise, elle se fera sans doute au bénéfice de l'un des hommes du président.
Martin Weill, avec agences
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