Un député PS interpelle le gouvernement après l’affaire d’espionnage en Libye
Le Wall Street Journal avait révélé en début de semaine qu’une filiale du groupe informatique français Bull, la société Amesys, spécialisée dans les systèmes sécuritaires a équipé fin 2009 le centre de surveillance d'internet de Tripoli avec un système d'analyse du trafic internet.
_ Depuis, Amesys a bien reconnu avoir fourni au régime de Kadhafi du “matériel d'analyse” portant sur des “ connexions internet ”. Cette filiale de Bull a mis en ligne un communiqué sur son site internet. Mais ellle précise que le contrat avait été signé dans un contexte de“ rapprochement diplomatique” avec la Libye.
Le contrat concernait “la mise à disposition d'un matériel d'analyse portant sur une fraction des connexions internet existantes, soit quelques milliers”. Toutefois, “il n'incluait ni les communications internet via satellite --utilisées dans les cybercafés--, ni les données chiffrées --type Skype--, ni le filtrage de sites web” et ne permettait pas non plus de surveiller les lignes téléphoniques fixes ou mobiles, précise Amesys.
Dans une question écrite à François Fillon, le député Christian Paul juge ces révélations“ inquiétantes ”. Pour le parlementaire, “l'exportation de ces outils d'analyses des échanges numériques (messageries, réseaux sociaux..) commercialisés par les
entreprises françaises doit à l'évidence être soumise au contrôle et à l'autorisation des autorités françaises, car ils sont assimilables à des armes technologiques”, dit-il.
Il demande au gouvernement “s'il a été conduit à autoriser la vente de telles technologies à ce pays, voire à d'autres qui auraient exprimé le souhait de les acquérir”.
Dans un document que nous nous sommes procurés, datant de décembre 2009, quatorze dirigeants de PME s'expriment sur leur entreprise.
Parmi ces patrons, Philippe Vannier, le PDG d'Amesys. Page 22, il explique notamment qu'“en France avant de faire une offre, il faut obtenir des autorisations d'une commission interministerielle, ce qui dure souvent deux à trois mois”. C'est selon le PDG, “un frein” à l'export.
Dans cette affaire, on a aussi appris que pour former les services de renseignements de Kadhafi, des cadres d'Amesys, ainsi que des militaires de la direction du renseignement militaire (DRM) se sont rendus en Libye. Une formation dans le plus grand secret.
Mikaël Roparz, avec agencesOeuvres liées
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