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Tunisie : le suicide d'un vendeur ambulant réveille de mauvais souvenirs

Un suicide qui fait écho à celui de Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s'était immolé par le feu le 17 décembre 2010, à l'origine de la révolution tunisienne et du Printemps arabe. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Tribunal de première instance de Ben Arous, Tunisie, le 31 mars 2022.  (YASSINE GAIDI / ANADOLU AGENCY)

Le maire d'une localité tunisienne du gouvernorat de Ben Arous a été brièvement placé en garde à vue, lundi 26 septembre 2022, après le suicide d'un vendeur ambulant dont la balance a été saisie par les services municipaux. Selon les médias locaux, Mohamed Amine Dridi, 25 ans, s'est pendu samedi dans la localité de Mornag au sud de Tunis, deux jours après la confiscation par des agents municipaux de la balance électronique dont il se servait pour peser les fruits et légumes qu'il vendait sur un étal.

"Remake"

Le maire de Mornag, Omar Hirbaoui, a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête en lien avec ce suicide. Il a été entendu par un juge d'instruction qui a décidé de le remettre en liberté pendant la durée de l'enquête. Ce suicide fait écho à celui de Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s'était immolé par le feu le 17 décembre 2010 pour protester contre la confiscation de sa marchandise par la police, déclenchant la révolution tunisienne qui a mis fin au règne du président Zine el Abidine Ben Ali et donné le coup d'envoi aux révoltes du Printemps arabe dans la région.

Le quotidien La Presse y voit  un "remake du cas Mohamed Bouazizi, décédé en janvier 2011 suite à sa tentative de suicide par immolation. Un incident qui a causé la chute du régime de l’ancien président Ben Ali, mais n’a pas pour autant mis fin au calvaire des vendeurs ambulants et n’a pas réussi à établir un brin de justice sociale".

Affrontements

Dans la soirée du 25 septembre, des affrontements ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre à Mornag, selon des médias locaux et des images diffusées sur les réseaux sociaux. Scandant des slogans dénonçant le chômage et la cherté de vie, ces manifestants ont brûlé des pneus et bloqué l'artère principale à Mornag. Les policiers ont tiré du gaz lacrymogène pour les disperser. Selon le ministère de l'Intérieur, le vendeur qui s'est donné la mort souffrait de "graves problèmes familiaux", ce que son frère dément.

Grogne sociale

Une grogne sociale couve en Tunisie, pays confronté à une grave crise économique qui se traduit par des pénuries récurrentes de denrées de base et une forte inflation. Des ONG et l'opposition accusent les services de sécurité de recourir à des méthodes rappelant celles de l'Etat policier sous l'ancienne dictature, depuis que le président Kaïs Saïed s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021 et fait adopter une nouvelle Constitution considérée comme une menace pour la démocratie en Tunisie. 

Une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie, lors de laquelle des pneus ont été incendiés, a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, dans le quartier populaire de Douar Hicher dans le nord de Tunis, rapporte la presse locale.

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