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Le parti du président Moncef Marzouki quitte la coalition gouvernementale

C'est un nouveau coup dur porté au gouvernement d'Hamadi Jabali, alors que le pays s'enfonce dans une crise politique. 

Article rédigé par franceinfo
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Le président tunisien, Moncef Marzouki, fait un discours à l'occasion de l'anniversaire du départ de l'ancien président Ben Ali, le 14 janvier 2012 à Tunis.  (FETHI BELAID / AFP)

La Tunisie s'enfonce dans la crise politique. Le parti (laïc) du président Moncef Marzouki a annoncé dimanche 10 février son départ de la coalition gouvernementale formée par Ennahda, a indiqué Reuters, qui cite l'un de ses cadres. 

Retour sur une semaine qui a vu vasciller le pouvoir et remis les tunisiens dans la rue, deux ans après le départ de l'ancien président Ben Ali, chassé par la révolution de Jasmin : 

Acte 1 : Chokri Belaïd est assassiné 

Avocat de 48 ans et figure de l'opposition de gauche à la têt du parti des Patriotes démocrates, Chokri Belaïd a été assassiné mercredi, en sortant de son domicile à Tunis. Ce critique acerbe du gouvernement actuel dominé par les islamistes d'Ennahda, avait rejoint une coalition de partis, le Front populaire, qui se pose en alternative au pouvoir en place.

Alors que depuis plusieurs mois, partis d'opposition et syndicats accusent des milices pro-islamistes d’orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux, les proches de l'homme politique accuse Ennahda de l'avoir fait assassiner. 

De violentes manifestations éclatent dans la capitale et dans d'autres villes du pays. Des centaines de partisans et sympathisants qui se sont rassemblés devant sa demeure ont accompagné sa dépouille dans une ambulance. Ils scandaient : "Le peuple veut la chute du régime !"

 Acte 2 : Le Premier ministre annonce la formation d'un nouveau gouvernement 

Dès mercredi, Hamadi Jebali, numéro 2 d'Ennahda, a pris son parti de court et ses alliés laïcs de centre-gauche, dont le président Moncef Marzouki, en annonçant préparer la création d'un gouvernement de technocrates. Il a par ailleurs annoncé qu'il  comptait garder la tête de ce nouveau cabinet, qui devra être confirmé par l'Assemblée nationale constituante.  "L'assassinat [de Belaïd] a accéléré ma prise de position pour laquelle j'assume ma responsabilité entière devant Dieu et devant notre peuple", a justifié le Premier ministre. 

En effet, depuis des mois, la coalition de laïcs de gauche et des islamistes d'Ennahda tentent, en vain, de trouver un compromis sur la distribution des ministères. 

Acte 3 : Ennahda refuse (en partie) cette option 

Plusieurs dirigeants d'Ennahda  se sont immédiatement opposés à cette initiative, estimant qu'Hamadi Jebali devrait obtenir la confiance des députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC), où les islamistes sont en position de force avec 89 sièges sur 217.

La frange radicale du parti a d'ores et déjà prévenu qu'elle était prête à descendre dans la rue pour défendre la "légitimité des urnes", laissant présager la persistance des difficultés de la Tunisie à se stabiliser deux ans après la révolution de 2011, mais aussi une scission des islamistes.

Acte 4 : Jabali met son poste en jeu 

Samedi, le Premier ministre tunisien a déclaré aux médias tunisiens être prêt à démissionner s'il échouait à former un gouvernement de technocrates avant le milieu de la semaine prochaine. "Je présenterai l'équipe au plus tard au milieu de la semaine prochaine. Si elle est acceptée (...) je continuerai à assumer mes fonctions de chef du gouvernement, à défaut, je demanderai au président de la république de chercher un autre candidat pour composer un nouveau gouvernement", a-t-il dit. 

Interrogé pas la chaîne France 24, il a assuré que les ministères régaliens aux mains de son parti islamiste seront remplacés par des indépendants dans le gouvernement apolitique qu'il veut former contre l'avis de son propre camp.

Pour le Premier ministre, qui est considéré comme un modéré dans son parti, l'ANC, en l'intronisant à la tête du gouvernement en décembre 2011, lui a donné le droit de remanier son équipe. 

Acte 5 : le parti du président quitte la coalition gouvernementale

Le Congrès pour la république (CPR), parti laïc du président tunisien Moncef Marzouki, a quitté dimanche la coalition gouvernementale formée avec les islamistes d'Ennahda. "Nous disions depuis une semaine que si les ministres des Affaires étrangères et de la Justice n'étaient pas remplacés, nous nous retirerions", a expliqué l'un de ses cadres, Ben Amor, à Reuters.

Le départ des trois ministres CPR est un nouveau coup porté au gouvernement d'Hamadi Jebali. 

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