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Charlie Hebdo: les réactions en Tunisie

Une véritable onde de choc a secoué les partis politiques tunisiens quand ils ont appris ce qui s'est passé à Charlie Hebdo. Le premier ministre sortant, Mehdi Jomaa, a participé à la manifestation parisienne du 11 janvier 2015. Et certains commentaires n'hésitent pas à brocarder la «bêtise» et l'«ignorance» des auteurs de l'attaque contre le journal satirique.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A Tunis, le 9 janvier 2015, un homme tient un vieux numéro de Charlie Hebdo pendant une manifestation de solidarité avec deux journalistes tunisiens, Nadhir Ktari et Sofiane Chourabi, disparus en Libye en septembre. (AFP - Anadolu Agency - Amine Landoulsi)

C’est juste un clin d’œil. En l’occurrence une photo, prise le 11 janvier 2015 place de la République à Paris dans la gigantesque manifestation protestant contre les attaques qui ont ensanglanté la France. L’image montre un drapeau tunisien placé sous la statue de Marianne. Tout un symbole.

Dimanche 11 janvier 2015. Place de la République à Paris, le drapeau tunisien est brandi sous la statue de Marianne. (FTV - Laurent Ribadeau Dumas)
Ce drapeau, qui figure au milieu d'une manifestation histoirique, est un signe clair de soutien à un pays, la France, frappée par des hommes qui ont tué de sang froid des caricaturistes, des journalistes, des membres de la communauté juive et des policiers.

Il faut dire que la Tunisie a, elle aussi, été ces dernières années particulièrement touchée par des actions djihadistes. Qui concernent notamment des journalistes. Ainsi, le 8 janvier 2015, la branche libyenne de l’organisation Etat islamique (EI) affirmait avoir assassiné deux journalistes tunisiens, Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari. Motif : ces derniers travaillaient pour un média qualifié par EI d’ennemi de l’islam. Ils étaient partis en septembre en reportage en Libye pour l’émission Doussiyat (Dossiers) diffusée sur la chaîne privée First Tv. A noter que Tunis n’a pas confirmé l’information. Un rassemblement de soutien a été organisé le 9 septembre devant le théâtre municipal de Tunis à l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

«C'est l'encre qui doit couler. Pas le sang»
Dans le même temps, de très nombreux Tunisiens ont condamné les attaques à Paris.«L'onde de choc a traversé tout le spectre politique et syndical du pays», écrit Le Point Afrique. Le premier ministre sortant, Mehdi Jomaa, a d'ailleurs participé à la manifestation dans la capitale française.

Dès le 7 janvier, un rassemblement avait été organisé devant la résidence de l’ambassadeur de France à la Marsa, dans la banlieue nord de Tunis. De son côté, le parti islamiste Ennahda avait été le premier, selon le site Business News, à condamner l’agression contre le siège de Charlie Hebdo: «Le parti Ennahdha est horrifié et indigné par l'acte lâche et criminel ayant visé les journalistes et le personnel de Charlie Hebdo ce matin. Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces actes terroristes, leurs auteurs, leurs instigateurs et tous ceux qui les soutiennent».

De son côté, le porte-parole du Front populaire (coalition de gauche), Hamma Hammami, a condamné la «lâche» attaque contre Charlie. Selon lui, elle vise en premier lieu la liberté d’opinion et d’expression. Elle nuit aussi à l’islam et ternit la réputation des musulmans, soulignant qu’un tel acte sert de prétexte aux courants racistes «qui cherchent en toute occasion à s’en prendre aux droits des immigrés clandestins».

  (DR)

Même tonalité dans la réaction du président du SNJT, Néji Bghouri, qui évoque «une menace directe contre la liberté d’expression». La journaliste du quotidien La Presse Olfa Belhassine a publié sur son compte Facebook la photo d’un mur où a été peint en rouge un graffiti : «C’est l’encre qui doit couler. Pas le sang».

Les caricaturistes et journalistes de Charlie «ont été exécutés à bout portant à cause de simples dessins. Des dessins qui ne plaisent pas à tout le monde, qui suscitent des polémiques et des colères, mais ça reste des dessins ! Rien ne peut justifier un acte d’une telle violence, d’une telle barbarie», écrit le journaliste Marouen Achouri dans une chronique publiée sur Business News.

Il ajoute : «Les assassins ont crié : ‘‘Nous avons vengé le prophète’’. Tant de bêtise et d’ignorance sont non seulement révoltants mais aussi désarmants. Comment considérer ces gens là ? Sur quelle base pouvons-nous comprendre et assimiler pour essayer de réparer ? Quel triste prophète pensez-vous venger en perpétrant un tel acte ? Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas le prophète de l’Islam ! S’il existe un prophète qui pourrait se délecter de la mort de douze personnes, il ne mérite pas d’être vénéré».
 

Sur la place de la République à Paris le 11 janvier 2014. La statue de Marianne vue à travers les vitres d'une camionnette de presse. En reflet, le drapeau français (et les doigts du photographe). (FTV - Laurent Ribadeau Dumas)

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