Tunisie : les islamistes passent à l'attaque
Hier, un groupe d'environ deux cents islamistes envahissait la faculté des lettres de Sousse. But de l'opération : protester contre le refus de la direction d'inscrire une étudiante qui portait le voile intégral. Ce matin, c'est une chaîne de télévision privée que les salafistes de Tunis ont décidé de prendre pour cible. Son crime : avoir diffusé le film "Persepolis" de Marjane Satrapi, dans lequel la réalisatrice raconte son enfance en Iran après la révolution islamique. La police est parvenue in extremis à stopper les militants avant qu'ils n'attaquent les locaux de la chaîne.
Quelques heures plus tard, une nouvelle manifestation était organisée dans la capitale pour protester contre l'interdiction du niqab à l'université. Attaquées par plusieurs centaines d'islamistes armés de pierres, de couteaux et de bâtons, les forces de l'ordre ont dû envoyer du gaz lacrymogène pour disperser le cortège.
Ces évènements interviennent deux semaines avant l'élection de l'Assemblée Constituante, où le parti islamiste Ennahda est donné grand favori. Un mouvement interdit sous Ben Ali, qui se définit comme le représentant d'un islamisme modéré et condamne les violences perpétrées ces derniers jours par les groupuscules salafistes.
L'inquiétude grandit pourtant dans le camps des tunisiens laïques, qui estiment que les valeurs libérales et modernes de leur société sont menacées. Le directeur de la chaîne visée ce matin a condamné la violence qui accompagne désormais les revendications des islamistes : "Nous sommes habitués aux menaces mais ce qui est grave c'est que cette fois-ci ils sont passés aux actes. On n'a pas chassé une dictature pour revenir à une autre".
Martin Weill, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.