Tunisie. Le blasphème écarté de la Constitution
Le projet de criminaliser l'atteinte au sacré, annoncé en juillet par le parti islamiste Ennahda, avait déclenché une levée de bouclier.
AFRIQUE - Finalement, le blasphème ne figurera pas dans la Constitution tunisienne. C'est ce qu'affirme vendredi 12 octobre le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, à l'AFP. "Il n'y aura pas de criminalisation [de l'atteinte au sacré], bien sûr", assure Mustapha Ben Jaafar, dont le parti de centre-gauche Ettakatol est allié aux islamistes d'Ennahda qui sont au pouvoir. "Ce n'est pas parce que nous sommes d'accord avec les atteintes au sacré, mais parce que le sacré est très très difficile à définir. Ses contours sont flous et on peut l'interpréter dans un sens ou dans l'autre, d'un excès à l'autre", souligne le président de l'ANC.
Selon lui, le parti islamiste Ennahda auquel il est allié va accepter cette position, bien que le concept d'atteinte au sacré soit au cœur de son programme politique. "Il nous arrive de discuter au sein de la troïka [la coalition tripartite au pouvoir] et on sent qu'il y a une disposition [chez Ennahda] à faire évoluer les opinions, à faire bouger les lignes", a-t-il dit.
Le projet de criminaliser l'atteinte au sacré, annoncé en juillet par Ennahda, a déclenché une levée de bouclier dans les médias et la société civile, qui y voient une porte ouverte à des restrictions aux libertés d'expression et de la presse. Les islamistes avaient indiqué vouloir inscrire ce principe dans la Constitution et dans le code pénal, pour en faire un crime passible de prison ferme. Après les violences meurtrières dans le monde arabe, et en particulier à Tunis contre l'ambassade américaine, suscitées par la diffusion sur internet d'un film islamophobe, Ennahda avait aussi réclamé que la notion d'atteinte au sacré soit inscrite dans le droit international.
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