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Attaque d’Aqmi, contre l’ONU en représailles à la visite de Netanyahu au Tchad

L’annonce par Benjamin Netanyahu, le 20 janvier 2019 à N'Djamena, de la reprise des relations entre Israël et le Tchad après une rupture de 37 ans s’est accompagnée, en représailles, d’une attaque meurtrière d’Aqmi contre des casques bleus tchadiens de l’ONU au Mali.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des Casques bleus de la Minusma dans la région de Kidal, dans le nord du Mali (archives). (Photo MINUSMA/Harandane Dicko)

C’est l’opération la plus meurtrière de djihadistes, que les forces de l’ONU aient connu au Mali depuis son déploiement en 2013.

Le 20 janvier 2019 à l'aube, les Casques bleus du contingent tchadien de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), stationnés à Aguelhok dans le nord-est, à 200 km de la frontière algérienne, sont la cible d’une offensive meurtrière. "Une attaque complexe lancée par des assaillants arrivés à bord de nombreux véhicules armés", a indiqué la mission de l’ONU. Les Casques bleus ont réussi à "neutraliser nombre d’ennemis" et "à poursuivre les assaillants dans leur déroute", a-t-elle encore précisé, mais ils ont essuyé de lourdes pertes. Dix casques bleus tchadiens ont été tués et au moins 25 autres blessés, annonçait peu après le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, dans un communiqué officiel.

Les Casques bleus tchadiens ont déjà payé un lourd tribut : cinq morts dans l'explosion d'une mine près d'Aguelhoc en septembre 2014, puis cinq autres dans une embuscade au nord de cette ville, en mai 2016. En avril 2018, des tirs sur le camp d'Aguelhoc avaient également coûté la vie à deux d’entre eux et en avaient blessé plusieurs autres.

En fin de journée, le groupe djihadiste al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) revendiquait l’attaque indiquant avoir agi "en réaction à la visite du Premier ministre israélien au Tchad", selon l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar qui a déjà servi de boîte aux lettres à la nébuleuse islamiste.

Le jour même, Benjamin Netanyahu était arrivé à N’Djamena pour une visite qu’il a qualifiée "de percée historique", après 37 années de rupture des relations. Cette visite, en réponse à celle effectuée par Idriss Deby Itno en Israël en novembre 2018, a permis aux deux responsables d’officialiser la reprise des relations diplomatiques rompues en 1972.

"Le Tchad reste attaché au processus de paix entre Israël et la Palestine"

"Le Tchad est un pays très important pour Israël, car le futur de l'Afrique dépend du futur du Sahel", a déclaré le Premier ministre israélien sur la région en proie aux activités violentes et aux attaques de plusieurs groupes djihadistes. "Ce qui se passe ici influence tout ce qui se passe dans le monde", a-t-il ajouté. Benjamin Netanyahu qui cherche à renouer, notamment en Afrique, avec les pays refusant de reconnaître Israël ou ayant rompu avec l’Etat hébreu en raison du conflit avec les Palestiniens, en est à sa quatrième visite en deux ans sur le continent.

Avant son départ d’Israël, il avait souligné que cette visite dans un "très grand pays musulman ayant des frontières avec la Libye et le Soudan" faisait partie "de la révolution que nous menons dans le monde arabe et musulman que j’avais promis d’accomplir".

De son côté, le président Déby a pris la précaution de rappeler qu’"en dépit de cette reprise des relations, le Tchad reste attaché au processus de paix entre Israël et la Palestine". "Je réitère mon appel… à privilégier le dialogue et les négociations en vue d'une paix durable entre les deux parties conformément aux résolutions des Nations unies", a-t-il déclaré.

Pays pivot dans la lutte contre les groupes djihadistes Boko Haram et l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, le Tchad fait partie de la Force multinationale mixte (MNJTF) et du G5-Sahel. A ce titre, il bénéficie du soutien de la France et reçoit du matériel militaire des Etats-Unis et des Israéliens.

Toutefois, l’offensive menée au Mali contre des forces tchadiennes vient rappeler que les attentats djihadistes ou les représailles contre les pays qui les combattent n’ont pas de frontières. La reprise des relations entre N’Djamena et Tel-Aviv pourrait bien intensifier ces attaques.

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