Au Mozambique, des rats démineurs à l'assaut des anciennes zones de guerre
Darwin n’est pas un rongeur comme les autres. C’est un rat-démineur qui œuvre à la sécurité du pays. Chaque jour, dès six heures du matin, il arpente les sous-bois de la province de Gaza, au sud-est du Mozambique.
Attaché à un harnais, entre deux maîtres-rats, le rongeur part à la recherche des explosifs dans un périmètre préalablement délimité. Quand il sent l’odeur du TNT, il gratte le sol, indiquant ainsi la localisation d’une mine. A partir de ce moment, les démineurs prennent le relais, s’occupent de déloger la mine et de la faire exploser. Le rongeur quant à lui, ira se reposer avec, en guise de récompense, des cacahuètes et quelques bouchées de banane.
Quelques mois pour devenir un expert en explosifs
Comme Darwin, ils sont des centaines à être formés depuis 2006, à l’Université d’agriculture de Morogoro en Tanzanie par l’organisation belge Apopo. Après une phase de sociabilisation (musique, compagnie humaine, promenades), les rongeurs sont soumis à des sélections durant neuf mois.
Dans un conduit circulaire grillagé, ils apprennent à distinguer l’odeur du TNT. « Les rats ont un nez très fin », explique Bart Weejens, le directeur de l’organisation. « Ils sont plus efficaces qu’un détecteur de métaux. Leur poids étant faible, ils ne provoquent pas l’explosion des mines quand ils marchent dessus car celles-ci sont programmées pour exploser à partir de 5 kg ». Après cette période d’entraînement, les rats obtiennent leur diplôme de « démineur ».
Une méthode efficace et peu coûteuse
Une fois sur les lieux du déminage, les rongeurs passent le terrain au peigne fin. Et là où deux hommes et leurs détecteurs de métaux mettaient deux jours à fouiller les sols, deux rats et deux démineurs n'ont besoin que d’une heure. Une méthode qui fait donc ses preuves et coûte surtout beaucoup moins cher.
Depuis le début du programme, ils ont déjà nettoyé plus de 2,8 millions de m², que le gouvernement a pu rendre aux populations locales. Plus de 1 750 mines et 970 obus ont également été mis au jour par ces démineurs.
Un pays propre à l’aube de 2015 ?
Enfouis dans les années 60, des milliers d’explosifs polluent encore les sols du pays. A l’époque coloniale, le gouvernement du Zimbabwe mine sa frontière pour empêcher le retour des partisans de l’indépendance du pays formés au Mozambique. La guerre civile qui secoue le pays de 1977 à 1992 ajoute sa pierre à l’édifice.
Pour sécuriser le territoire, les autorités ont alors fait de gros efforts. Depuis 2010, le Mozambique est même souvent cité en exemple. « Les terres en cours de déminage ne font plus partie des zones prioritaires. Là où il y a des écoles, des hôpitaux, tout cela a été fait », explique Andrew Sully, gestionnaire du programme de déminage de l’organisation Monitor.
Dans le monde, plus de 66 territoires sont encore concernés par des campagnes de déminage. Quant au Mozambique, grâce aux rats-démineurs, il devrait être sécurisé à la fin de l’année.
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