Tanzanie : la mort d'un élève relance le débat sur les châtiments corporels
Un élève de 13 ans a succombé aux coups infligés par son maître d'école.
Le décès d'un élève tanzanien, ayant selon sa famille succombé aux coups infligés par son maître d'école, a relancé le débat sur les châtiments corporels, encore en vigueur dans le système éducatif de la Tanzanie. Sperius Eradius, élève en 5e année dans une école primaire de la province de Kagera, est mort mardi 27 août. Quelques jours plus tôt, il avait été battu par un instituteur parce qu'il avait subtilisé le sac à main d'une enseignante. Ayant dans un premier temps refusé de l'enterrer, les parents du garçon de 13 ans ont finalement cédé après l'arrestation de l'instituteur et la suspension du maître principal de l'école.
L'Association tanzanienne des femmes des médias (TAMWA) a "condamné de toutes ses forces cet acte cruel et inhumain, tout en espérant que les bastonnades et meurtres à l'école ne se répéteront pas". L'association a rappelé qu'en 2016, une adolescente dans le sud du pays avait été tabassée à tour de rôle par quatre enseignants, après avoir été forcée à enlever ses sous-vêtements. Les enseignants lui reprochaient ses absences répétées, selon TAMWA.
"Des sanctions sévères doivent être prises"
En Tanzanie, les châtiments corporels sont encadrés par un texte de 1979 qui autorise uniquement les coups sur les mains ou les fesses d'un élève à l'aide d'une baguette légère et souple. Le texte précise qu'un élève peut être châtié seulement s'il a commis une faute grave. De plus, la punition est censée être "raisonnable", puisqu'il n'est pas possible d'infliger plus de quatre coups à un élève, et seuls les directeurs d'écoles sont habilités à le faire.
"L'école est censée être un lieu très sûr pour l'élève afin qu'il puisse jouir de son droit fondamental à l'enseignement, a réagi le Centre juridique et des droits de l'homme (LHRC) après la mort de Sperius Eradius, appelant le gouvernement à revoir le régime des sanctions à l'école. Des sanctions sévères doivent être prises contre les enseignants coupables d'actes criminels sur les élèves, afin que cela serve d'exemple."
La ministre de la Santé, Ummy Mwalimu, également en charge des droits des Enfants, ainsi que la Commission nationale de l'enseignement ont également dénoncé un abus grave du texte régissant les punitions corporelles et appelé à des sanctions. Dans un rapport publié en février 2017, l'organisation Human Rights Watch (HRW) avait appelé à l'interdiction des châtiments corporels après avoir constaté que cette "pratique répandue, (...) qui prend souvent des formes brutales et humiliantes dans les écoles tanzaniennes, affecte également la fréquentation scolaire".
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