Soudan : la communauté internationale "ne peut absolument rien faire", déplore un spécialiste
"L'aspiration du peuple est évidemment la paix, le problème c'est que le peuple n'a pas d'armes", déclare Gérard Prunier, historien-chercheur et auteur de plusieurs ouvrages sur les conflits de l'Afrique de l'Est, invité mardi 18 avril sur franceinfo pour évoquer le conflit au Soudan. Malgré des appels à la trêve par le G7, les armées entament le quatrième jour de combat, et le dernier bilan fait état mardi matin de près de 200 morts.
>> Soudan : quatre questions pour comprendre les combats qui secouent le pays
La communauté internationale "ne peut absolument rien faire", estime Gérard Prunier. "La seule possibilité serait une intervention militaire, mais depuis 15 ou 20 ans ce sont les Américains qui ont fait ça et on peut dire que les résultats sont quelque peu décevants". Et l'auteur de préciser : "À l'heure actuelle, sans grosse intervention, il n'y aura que ce que les combattants décideront ".
Influence de la Russie
"Je pense que l'influence des Russes est importante, mais je pense qu'elle ne va pas se diriger vers la paix", ajoute Gérard Prunier. L'auteur, historien et chercheur considère plutôt que ce serait une prise de pouvoir des Russes sur un environnement politique qui était jusque-là partagé entre les pro-occidentaux et les pro-islamistes. Gérard Prunier en conclut que la Russie cherche à "prendre de l'importance et faire une sorte de néo-colonialisme à l'image de ce qui se fait en Afrique".
"Aujourd'hui, le bilan fait état de deux armées : une armée officielle et une armée officieuse, aussi nombreuse et aussi bien armée", précise Gérard Prunier. L'une est dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant du pays depuis le putsch de 2021, et l'autre par le général Mohamed Hamdane Daglo dit "Hemedti", son second lors du coup d'État. Face à l’aspiration de paix du peuple se trouvent donc deux armées "toutes deux hostiles au mouvement démocratique populaire et qui en même temps sont hostiles l'une à l'autre", indique le chercheur et historien. Pour autant il ne faut pas oublier selon lui que cette situation est due à l’ex-président Omar el-Béchir, qui a d’un côté "renforcé l’armée régulière" et de l'autre "créé une énorme milice dans l’Ouest avec des chameliers qui sont très bien entraînés à la guerre mais pas toujours très obéissants à la hiérarchie militaire".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.