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Le Soudan sunnite accuse l’Iran de prosélytisme chiite

En septembre 2014, Khartoum a ordonné la fermeture de tous les centres culturels iraniens sur son territoire. Le Soudan, pays majoritairement sunnite, a justifié cette action par «l’accroissement des activités de ces centres dans la diffusion du chiisme». Cette branche de l’islam et religion d’Etat en Iran.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président soudanais Omar el-Béchir à Téhéran, le 31 août 2012. (AFP PHOTO/BEHROUZ MEHRI )

Les liens entre le Soudan et l’Iran sont-il toujours au beau fixe? En fermant trois centres culturels iraniens et en exigeant de l’ensemble du personnel qu'il quitte les lieux sous 72 heures, les autorités de Khartoum ont créé la surprise. «Cette action soudanaise inattendue est en contradiction avec le rapprochement des relations entre Khartoum et Téhéran», a commenté le quotidien soudanais Tribune.

Pour la porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, c’est l'influence des «provocations de certains groupes politiques suspects au Soudan et des groupes extrémistes dans la région alors que le Soudan rencontre des difficultés économiques et politiques» qui a conduit à ce geste contre Téhéran. «L'activité du centre culturel iranien à Khartoum se déroulait dans le respect des accords officiels bilatéraux et des lois soudanaises», a ajouté Mme Afkham, regrettant que l'Iran n'ait «aucun autre centre culturel» au Soudan.

Des pressions de l'Arabie Saoudite ?
D’après un éditorialiste du journal sud-soudanais The Citizen, la décision soudanaise n'aura pas de conséquences importantes sur les liens soudano-iraniens en général. Elle pourrait, selon Abdallah Rizig Abou Simazeh, permettre de revigorer les relations entre le Soudan, l'Egypte et les pays du Golfe, comme notamment l'Arabie Saoudite, chef de file des monarchies sunnites. Ryad entretient des relations tendue avec l’Iran, en raison notamment des navires de guerre iraniens qui accostent souvent à Port-Soudan, au bord de la Mer rouge.

De plus, les autorités de Khartoum, endettées et visées par des sanctions économiques, se sont vu interdire cette année par le régime saoudien l'accès aux principales banques du royaume. Une mesure qui marque le désaccord de l'Arabie Saoudite avec le président soudanais Omar el-Béchir qui fonde son pouvoir sur une branche soudanaise de la confrérie égyptienne des Frères musulmans, qualifiée de «terroriste» par Ryad.

Des liens militaires étroits
Les liens entre le Soudan et l’Iran font l’objet d’une attention particulière depuis que Khartoum a accusé Israël d’avoir mené une frappe le 23 octobre 2012 contre le site militaire de Yarmouk, près de la capitale soudanaise, où plusieurs médias ont affirmé que des armes iraniennes étaient probablement stockées.

Le Soudan entretient des liens militaires étroits avec le gouvernement iranien. Le président Omar el-Béchir s'était rendu en 2012 à Téhéran, où il avait qualifié de «profondément ancrées» les relations entre les deux pays. Israël accuse ainsi le Soudan de servir de base de transit pour des armes iraniennes à destination du mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza. Des accusations que Khartoum dément. 

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