Soudan et Soudan du Sud s'enfoncent dans le conflit
Le président du Soudan du Sud estime que Khartoum a "déclaré la guerre" à son pays. Les combats dans la zone frontalière riche en pétrole s'intensifient et les négociations sont au point mort.
En visite en Chine, Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, a estimé mardi 24 avril que le Soudan avait "déclaré la guerre" à son pays, lors d'une entrevue avec le président chinois, Hu Jintao.
La veille, Khartoum a affirmé que les combats qui font rage depuis fin mars dans la zone pétrolière de Heglig auraient fait plus de 1 000 morts chez les Sud-Soudanais. Quant aux négociations entre les deux pays, elles sont au point mort.
• Le partage des revenus du pétrole en cause
Au cœur du conflit entre Khartoum et le jeune Soudan du Sud, la très riche zone pétrolière de Heglig revendiquée par les deux Etats. Avant les récents affrontements, Khartoum tirait de cette région la majorité de sa production de pétrole. Mais les tensions n'ont cessé de s'aggraver depuis l'indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011. Après la partition, le Soudan a vu les trois quarts des réserves de brut du pays passer aux mains du Sud.
Les questions du partage des revenus pétroliers, mais aussi de la démarcation de la frontière ou du statut de régions contestées, notamment Abyei dont Khartoum a pris le contrôle en mai, n'ont jamais été tranchées depuis.
• La médiation attendue de la Chine
La visite à Pékin jusqu'au 28 avril du président sud-soudanais est très attendue. La Chine, important client de la région, est contrainte de calmer le jeu entre les parties. "Le pétrole est sur le plan économique la bouée de sauvetage commune du Soudan et du Soudan du Sud. Nous espérons que les deux pays vont savoir raison garder et trouver une solution adéquate, grâce à des négociations, à leur crise sur le partage des profits du pétrole", a déclaré lundi le porte-parole de la diplomatie chinoise.
Mais Pékin se livre à un exercice d'équilibriste. Principale alliée d'un Soudan isolé diplomatiquement depuis les années 90, et son premier partenaire économique, la Chine a aidé Khartoum à devenir un important exportateur de pétrole. Dans le même temps, Pékin s'approvisionne en or noir auprès du Soudan du Sud.
Les Chinois ont également armé les troupes soudanaises en lutte pendant plus de vingt ans contre les rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan, aujourd'hui au pouvoir au Soudan du Sud. Cependant, dès les accords de paix de 2005 ouvrant la voie à une indépendance du Sud, la Chine avait pris soin de s'attirer aussi les bonnes grâces des sudistes.
• Les appels de la communauté internationale ignorés
Malgré les appels au calme de l'ONU, des Etats-Unis, de la Chine et de l'Union européenne, les affrontements ne cessent pas entre les deux Etats. L'aviation soudanaise aurait bombardé plusieurs régions pétrolifères frontalières du Soudan du Sud dans la nuit de lundi à mardi, a affirmé un gouverneur.
De son côté, le directeur adjoint des services de renseignement militaire sud-soudanais a affirmé savoir que l'armée soudanaise se préparait à une offensive sur Bentiu, située à une soixantaine de kilomètres à l'intérieur de la frontière du Soudan du Sud.
Les deux pays semblent avoir même renforcé leurs effectifs et déployé leurs forces dans des tranchées le long de leur frontière contestée alors que le président soudanais Omar el-Béchir a martelé lundi qu'il ne négocierait pas avec le Soudan du Sud, malgré les appels pressants de la communauté internationale.
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